RSKO, QUAND LA MUSIQUE FAIT GRANDIR

À l’occasion de la sortie de son deuxième album « Memory », on a eu l’opportunité de discuter avec Rsko, étoile non plus montante mais filante de la melo. De « Sal Histoire », un premier succès TikTok à sa propre histoire, on retrace les débuts de carrière d’un jeune artiste pour qui le hasard et le naturel ont toujours bien fait les choses. Une ascension rapide, pour un artiste conscient que rien n’est acquis, entrons dans ce que Rsko a appelé ses « Memory ».

La Pépite: Très heureuse de parler avec toi!

Ton 2ème album sort vendredi, comment tu te sens aujourd’hui ?

Rsko: J’ai vraiment hâte, mais je suis un peu stressé. En fait, je ressens les deux à la fois. J’ai envie que ça sorte pour que je passe à autre chose et que l’album soit entre les mains du public et plus dans les miennes. Je suis vraiment impatient !

LP: Si on revient un peu sur tes débuts, tu as commencé en accompagnant, en rappant et en faisant les backs de L2B gang, un trio de ton quartier du Bois-l’Abbé dans le 94 qui fait de la musique depuis un moment, c’est quoi ton lien avec eux aujourd’hui ?

Rsko: Toujours la même, ça fait partie des choses qui n’ont pas bougé depuis le temps. On est toujours ensemble. On habite la même ville, le même quartier, on est souvent ensemble. On fait souvent des sessions encore aujourd’hui, c’est un lien qui dure au-delà de la musique.

LP: Est-ce que c’est ce lien avec eux qui t’a propulsé dans la musique ou tu en faisais déjà avant ?

Rsko: Un peu, on va dire que ça a joué le rôle d’accélérateur. Je faisais un peu de musique à l’origine, mais dans mon coin. Trainer avec eux, ça m’a vraiment mis dans le bain. Pour tout te dire, la première fois que j’ai posé ma voix dans un studio c’était avec eux et je trouve ça important de le rappeler, pour le symbole.

LP: Et tu ne t’es jamais vu faire partie du groupe ? Tu voyais plus ta carrière en solitaire ?

Rsko: Si je te dis que j’ai jamais voulu rapper avec eux, je pense que je suis un mytho ! Parce que c’est mes potes, ils rappent encore à mes côtés et l’idée m’a traversé l’esprit plusieurs fois. J’aurais pu être le 4ème du groupe, mais ça ne s’est pas fait, sans raison particulière d’ailleurs. C’est la vie qui a fait qu’aujourd’hui je navigue seul dans ma musique on va dire.

LP: On aime bien te mettre dans la case de rappeur alors que selon moi et de plus en plus, tu es dans le chant, la mélo mais toi, comment toi tu te considères ? Qu’est-ce qui te parle le plus ?

Rsko: En vrai ça ne me dérange pas qu’on me considère comme un rappeur, c’est de là que je viens même si ma musique est différente comme tu dis. Si je chante c’est que je peux un peu tout faire tant que la prod me parle. Je peux chanter, faire des mélo…rapper ! Mais rapper à ma façon, je ne ferai jamais des sons kickés comme les gens peuvent voir un son « rap ».

« Je ne ferai jamais des sons kickés comme les gens peuvent voir un son “rap”. »

RSKO

crédits : @k8vails

LP: Qu’est-ce qui te plaît le plus dans la musique ? Écrire ? Aller en studio ? La scène ?

Rsko: Je dirais la scène. Même si je n’en ai pas fait beaucoup, je sais que c’est quelque chose qui me parle vraiment et que je peux apprécier de plus en plus. Les rares fois où je suis monté sur scène j’ai compris ! Mais le studio aussi c’est cool, j’apprécie les deux.

LP: Et justement puisqu’on parle de la scène, dans « Comme ça » tu dis « Faut que je remplisse des salles, faut que j’arrête l’argent sale » et je crois que c’est le thème du moment, (je sais pas pour l’argent sale !) mais en tout cas la salle elle tu l’a remplie! La Cigale, complète en 24h, ça te fait quoi de te dire que 1400 personnes vont se déplacer pour écouter ta musique en live ?

Rsko: Je suis pressé, presque impatient. Ça me fait plaisir parce que je m’y attendais pas, du moins pas aussi vite. Pour tout te dire, je savais que ça allait se remplir, je le sentais, mais pas si rapidement, même pas en 72h! Je pensais que ça prendrait un peu plus de temps. J’ai pas réalisé au début, et là je réalise. Et c’est le fait de réaliser qui me rend impatient. Là, je vais commencer mes répétitions à fond. J’ai hâte. Et après, il y aura la tournée. Je sens que je vais vraiment prendre goût à la scène.

LP: Tu es très jeune, ça te fait quoi de vivre tout ça à ton âge ? Est-ce que ça t’a poussé à mûrir plus vite d’une certaine manière ?

Rsko: Oui quand même. En vrai j’ai toujours traîné avec des plus grands que moi, donc j’ai jamais réfléchi comme un petit. La musique et les gens qui la vivent avec moi m’ont clairement fait grandir. En fait, ça m’a emmené plus loin que là où j’aurais pensé être aujourd’hui étant plus jeune. D’ailleurs je vois pas ça en négatif, au contraire.

« La musique et les gens qui la vivent avec moi m’ont clairement fait grandir »

LP: Un de tes premiers succès c’est « Sal histoire », qui a pris de l’ampleur sur TikTok. Malgré ça on ne te catégorise pas du tout comme artiste à buzz TikTok. S’en sont suivis d’autres succès indépendants à l’application: il y a eu des certifications, d’autres gros morceaux… Comment tu expliques que tu sois un des seuls qui a su convertir, rebondir sur un succès des réseaux sans se faire catégoriser ?

Rsko: Parce qu’en vrai je ne me suis jamais considéré moi-même comme un mec de TikTok et je pense que dès le début les gens l’ont ressenti. En ne me catégorisant pas, je pense que les gens ont suivi mon mouvement! Je ne suis pas allé sur TikTok pour mettre un extrait de Sal histoire pour que ça perce, j’ai sorti mon son sur YouTube comme tout le monde et c’est sur TikTok que les gens ont capté, ça s’est fait tout seul. C’est pas moi qui me suis dit « tiens je vais être l’artiste qui commence sur TikTok ». Tout s’est fait naturellement depuis le début de ma carrière, « Sal histoire » c’est le bon exemple, et je suis content qu’on ne me catégorise pas finalement.

LP: On parlait de certifications. Récemment il y a « Contvct » avec Aya qui vient d’être certifié single d’or. Félicitations ! Ça te fait quoi de te dire que t’as collaboré avec l’artiste francophone la plus écoutée dans le monde et avec tout ce qu’elle représente ? 

Rsko: Je suis évidemment très content de cette collaboration. Tu vois, j’essaie toujours d’aller chercher des artistes plus hauts que moi. J’ai vraiment la volonté de me faire élever par l’artiste avec qui je collabore, qu’il m’emmène sur son terrain ou du moins hors de ma zone de confort. Et pour Aya ça m’a vraiment fait plaisir parce que ça ne vient même pas de moi ni de mes équipes!

Ce n’est pas moi qui suis allé lui demander, tout s’est encore une fois fait naturellement, elle a aimé le son, elle a snapé dessus, déjà ça c’était une dinguerie ! Ensuite on a parlé un peu sur insta, on s’est vu en studio via Vlad, son compagnon et producteur. C’est lui qui a organisé la rencontre. Et je suis vraiment content de ce que ça a donné. Comme je te disais en vrai c’est ça que je cherche moi, je cherche des artistes plus hauts que moi.

« J’essaie toujours d’aller chercher des artistes plus hauts que moi »

LP: C’est aussi ta volonté quand tu collabores avec SDM ? Sur ton album, un featuring avec lui est présent et on sent une vraie alchimie entre vous sur le morceau, comme si vous vous empruntiez vos flows respectifs. À un moment, il chante un peu comme toi, avec un flow presque inspiré des tiens. Est-ce que tu peux me parler de cette alchimie justement, comment s’est déroulé la création du morceau ?

Rsko: En vrai, j’ai directement ressenti le truc. Pour t’expliquer, SDM et moi on s’est déjà vu avant de faire cette fameuse séance studio. On se connaissait déjà, on a fait Booska-p « Dans la gova » avec Tiakola et lui, et ce jour-là la connexion était déjà fluide. Ensuite Gradur nous a appelé pour son projet « Congo » et ce jour-là on a fait 2 sons : un pour le projet de Gradur et le deuxième pour mon album. Avec lui c’est toujours facile, c’est fluide on va dire.

LP: Par contre, sur cet album on ne retrouve étonnamment pas Tiakola, mais vous avez déjà beaucoup collaboré par le passé et c’est toujours une réussite. Il y a des gens, qui voient cette osmose comme une ressemblance ; moi je trouve que vos musiques sont différentes et que tu as vraiment ta touche singulière mais j’aimerais savoir ce que t’en penses, est-ce que tu comprends pourquoi les gens qui ne vous écoutent pas plus que ça ont cette pensée ?

Rsko: Bien sûr ! Même si pour moi nos musiques sont différentes. Il est fort dans ce qu’il fait, dans son domaine à lui et je suis fort dans ce que je fais dans le mien. Après, pour moi on ne fait pas la même musique, on n’a pas la même voix, pas le même timbre. Il ne chante pas comme moi, je ne chante pas comme lui mais on est forts tous les deux c’est ça qui est sûr ! Et je pense que c’est pour ça  que les gens trouvent nos collaborations réussies et qu’elles marchent autant, justement parce que notre différence, avec nos points communs, font notre force, c’est l’alchimie !  Et ça va au-delà de la musique car on est vraiment amis en dehors de tout ça.

LP: Les gens qui t’écoutent vraiment auront capté ! Et toi d’ailleurs t’as quoi à leur dire à tes auditeurs ? Comme tout est allé très vite dans ta carrière, ça te fait quoi de te dire tous les matins qu’il y a sans doute plusieurs milliers de personnes qui sont en train de t’écouter au moment où tu te réveilles ?

Rsko: Très heureux encore une fois et surtout très reconnaissant, mais rien n’est acquis je le sais. C’est que le début, et je ne me pose pas trop de questions, comme tu as pu le constater ça glisse, tout se fait de manière fluide. Même si maintenant que tu me le fais remarquer, y’a des gens qui écoutent mes sons quand je me réveille… ouais en fait ça fait bizarre dit comme ça ! Parfois c’est perturbant mais je peux pas me plaindre, c’est que du positif pour moi.

LP: LMBD, ton album précédent, le premier, t’a légitimé dans la musique que tu fais et a surtout convaincu les gens. Maintenant qu’ils te suivent, qu’est-ce que t’attends de ce 2ème projet, où veux-tu qu’il t’emmène ?

Rsko: En vrai loin. Je m’attends à de bons retours et le naturel écrira l’histoire, comme depuis le début de ma carrière. Je n’ai rien programmé et pour l’instant ça fonctionne bien comme ça. Je n’ai pas envie que ça change, de commencer à tout contrôler, je fais confiance car mon chemin est tracé tout droit.

Memory de Rsko est disponible sur toutes les plateformes de streaming.

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