Le 3 septembre 2021 marquait le grand retour de Lylah, avec le titre “Bad Love”, premier extrait de son EP “14:14” sorti le 24 septembre.
Révélée par le grand public au sein du groupe “Les Déesses”, la voix de Lylah a marqué au fer l’année 2007 avec le tube “On a changé”.
Six ans plus tard, Lylah a bel et bien changé. Pleine de sagesse, indépendante, réincarnée en coach love prête à livrer ses plus précieux conseils en relations, Lylah a grandi. Sa musique fraîche en témoigne tant elle transpire la liberté et l’accomplissement personnel.
Cette rencontre avec Lylah, dans un restaurant à l’image de la jeune chanteuse – chaleureux – fut riche en enseignements. Le message positif et motivant de Lylah est le suivant, il existe du positif dans chaque événement. Une chose est sûre, cet entretien avec Lylah l’était.
DÉBUTS ET PARCOURS
La Pépite: T’as commencé la musique en collectif [NLDR : Les Déesses, “On a changé”] et aujourd’hui, c’est toute seule que tu reviens. Est-ce-que tu peux nous parler justement de ta révélation au grand public à l’époque?
Lylah : Alors déjà j’ai commencé très tôt à chanter, dans les fêtes de mariage, les anniversaires avec les mamans qui te disent “Allez, chante, chante !” [Rires]. Donc j’ai commencé à chanter comme ça et rien que ça, ça m’a permis de travailler sur ma timidité parce que j’étais assez réservée. Disons que ça m’a préparé à ce qui allait suivre…
P: T’avais quel âge à cette époque des chants en famille ?
L: J’étais toute petite! Ça s’est fait sur plusieurs années mais j’ai commencé à chanter devant ma mère à mes 6 ans je dirais.
P: C’est ta famille qui t’a poussé à chanter parce qu’il avait décelé quelque chose en toi ?
L: Ma famille proche oui bien sûr, surtout ma mère. Mes amis aussi. Du coup j’ai commencé à faire des spectacles avec deux filles que je connaissais au lycée, on faisait des petits show payant, on reprenait des chants de gospels, des sons qu’on aimait bien quoi!
Après ça je voulais arrêter la musique donc j’ai passé un casting pour être modèle dans des magazines. Ce jour-là, ma mère leur a dit “ma fille elle chante !“, donc j’ai chanté. De fil en aiguille, on m’a dirigé vers des personnes qui voulaient créer un groupe de musique autour de moi. Ça s’est fait très rapidement, on m’a présenté des artistes comme Singuila. On a créé un album et voilà !
P: Ah oui c’est allé très vite pour toi, t’étais encore jeune !
L : J’étais très jeune, j’avais 17 ans.
Je chante depuis toute petite aux mariages, aux anniversaires
P : Y’a un moment en particulier où dans ta tête tu t’es dit que t’allais te consacrer qu’à ça?
L: Honnêtement dès petite je voulais être chanteuse ! Je faisais que ça de mes journées; j’écoutais de la musique, j’apprenais les paroles, je chantais chez moi avec mon micro.
P: La totale! Tu dansais aussi ?
L: Aussi, j’apprenais les chorégraphies de Britney, des DEstiny’s Child. C’était vraiment ma passion au quotidien.
P: La grande révélation c’était donc en 2006/2007 pour toi.
L: Ça a vraiment pété en 2006 ouais. C’était assez étrange parce qu’on s’y attendait pas. M6 nous ont contacté parce qu’ils avaient flairé un potentiel. Suite à ça, on est parties à Miami et en Tunisie pour tourner des clips et après voilà hein… on sait la suite.
P: Suite à ce gros succès avec le groupe t’as préféré prendre du temps pour toi au niveau de ta carrière musicale?
L: Oui j’ai pris du temps pour moi. Je voulais créer un autre album avec des consonances plus RnB tout en gardant un côté plus caribéen parce que j’ai toujours aimé mélanger les styles.
INFLUENCES AFRO
P: Quand on te demande le style musical que tu proposes aujourd’hui, tu réponds quoi ?
L: Afro pop.
P: Tu vois une évolution sur quels aspects par rapport à ce que tu faisais avant?
L: Disons qu’en 2006 je faisais déjà de l’afro mais c’était plutôt du coupé décalé, aujourd’hui l’afro que je propose il a des sonorités actuelles qu’on entend beaucoup plus.
P: L’album des Déesses sorti en 2007 s’appelait “Saveurs Exotiques”. C’est un terme qui revient souvent dans l’art pour se référer à ce qui vient “d’ailleurs”. En France, les sonorités afro sont omniprésentes dans la musique et pourtant on peine encore un peu à les nommer. Est-ce-que tu constates une évolution depuis 2007 sur le traitement des médias et du public sur ce style musical?
L: Moi je trouve qu’il y a une très grande évolution parce qu’aujourd’hui dès que t’allumes la radio, même les rappeurs ils posent sur des instru aux consonances zouk ou afro. C’est plus accepté. Les artistes ont réussi à énormément ouvrir ce style musical par rapport à avant donc c’est bien.
Quand j’entends un rappeur sur de l’afro ou sur des consonances zouk, c’est totalement crédible.
P: Tu penses qu’il est dû à quoi ce gain de crédibilité?
L: Je pense que les artistes arrivent à allier les sonorités à merveille dès qu’ils sont en studio. En tout cas, ça donne de la bonne musique et je pense que c’est même pas discutable.
MATURITÉ AMOUREUSE, ENVOL ET INDÉPENDANCE
P: D’après les retours que t’as eu suite à la sortie de ton EP “14:14”, est-ce que t’as une idée du public qui t’écoute?
L: J’ai des retours de beaucoup de femmes! En même temps c’est pas un EP qui s’adresse particulièrement aux hommes [Rires]. Disons que je suis pas très tendre à leur égard dans “14:14” et puis, c’est normal qu’ils se sentent pas forcément concernés par le message que je véhicule.
P: Ça te fait plaisir de voir que beaucoup de femmes se reconnaissent dans ton message?
L: Énormément, et ça me fait encore plus quand ça vient de mes proches.
P: Dans le clip “Bad Love” il y a une esthétique inspirée des années 2000, est-ce-que t’es nostalgique de cette décennie?
L: Franchement je suis grave nostalgique. Je regarde très souvent les anciens clips parce que je leur trouve quelque chose de magique qu’on n’a plus forcément aujourd’hui, que ce soit au niveau des chorégraphies ou même de l’énergie globale des clips. Donc oui c’est clairement un petit clin d’oeil à cette époque.
J’incite les femmes à prendre des choix, même s’ils sont difficiles
P: Cet EP adresse beaucoup de questions sur les relations amoureuses. Qu’est-ce qu’il ressort de toutes ces réflexions?
L: Dans “Bad Love” elle comprend bien que le mec n’est pas fait pour elle, mais elle continue à se dire “peut-être qu’il va changer, peut-être qu’il va grandir“, beaucoup de “peut-être que…” ! Sur ce son, la fille sait très bien dans quel type de relation elle se trouve, mais ses sentiments font qu’elle a du mal à prendre la décision de partir. Mais à la fin [NDLR: spoiler alert], elle part.
P: Dans “Incomprise” t’es déjà beaucoup plus sur le départ en effet.
L: Dans “Incomprise” je dis clairement que je m’en vais parce qu’on n’est plus sur la même longueur d’onde. Au début on était fusionnel avec des objectifs de vie similaires. Aujourd’hui, il est sur son canapé, il attend que j’aille travailler…
P: “J’ai des envies, des buts, des plans, t’as aucun but tu peux pas m’accrocher” [NDRL: paroles extraites de “Incomprise“]
L: C’est ça. Moi j’ai envie de m’envoler, si toi tu veux pas t’envoler avec moi, tu restes sur ta branche. Dans “M’en aller” je suis beaucoup plus en mode Bad Girl. À l’écoute de ce titre, je veux vraiment que les femmes aient confiance en elles. C’est une ode aux femmes: chaque femme est unique, magnifique, a des choses extraordinaires à donner.
P: T’incites les femmes à s’en aller?
L: J’incite les femmes à prendre des choix, même s’ils semblent très difficiles.
P: T’as l’impression d’avoir gagné en maturité avec l’âge et les expériences ?
L: Oui et encore heureux ! J’ai cherché à évoluer. C’est bien d’avoir une voix mais mentalement il faut s’éduquer et surtout travailler pour devenir meilleur qu’hier.
P: Tu perds plus ton temps aujourd’hui?
L: C’est totalement le mood dans lequel je suis en ce moment. D’ailleurs “14:14″ c’est une heure miroir qui signifie “renaissance” et “renouveau”, donc oui plus de temps à perdre maintenant.
“14:14” : MIROIR MIROIR ET SPIRITUALITÉ
P: Comment t’es venue l’idée de ce titre “14:14″ ?
L: Un jour j’étais au téléphone avec ma manageuse et je lui énumère des mots qui me représentent et qui décrivent un peu l’esprit de l’EP : renaissance, destinée, destin, renouveau, déclic, j’ai du en dire 150!
P: T’as beaucoup de vocabulaire!
L: [Rires] Toujours au téléphone, ma manageuse me dit “Lylah regarde l’heure, c’est 14h 14! Regarde la signification de cette heure miroir je crois que ça veut dire un truc dans ce délire!” Je vérifie et je saurais pas te dire exactement ce que ça représente mais clairement c’était ça: laisser les mauvaises choses du passé pour avoir de meilleures choses à l’avenir.
P: Incroyable!
L: On était trop fières !
P: C’est un titre d’EP très spirituel en fait.
L: Oui, je suis totalement dans ça. Tout prenait sens naturellement avec ce titre: la couleur de l’EP qui est le blanc, le message véhiculé. Tout!
Je voulais laisser les mauvaises choses du passé pour avoir de meilleures choses à l’avenir
P: Ce déclic dont tu parles il est survenu à quel moment de ta vie ?
L: Il est survenu en janvier 2020. A ce moment là j’éprouvais comme un sentiment de stagnation dans ma vie. Je comprenais pas pourquoi ma musique et ma carrière n’avançaient pas.
P: Tu prenais des nouvelles résolutions pour 2020 ?
L: Voilà, nouvelle année, je voulais tout changer. Dans la vie, il faut agir ! Si tu te dis “ouais je vais arrêter de fumer” mais que tu continues à acheter des cigarettes, tu vas jamais réussir à stopper!
P: Bien dit.
L: Sauf que j’avais envie de blesser ou frustrer personne donc je gardais beaucoup pour moi en me disant qu’avec le temps ça allait passer. À un moment je me suis “STOP“, il faut que j’en parle avec mon entourage parce que les situations qui me mettent mal, elles doivent être stoppées directement. Janvier 2020, je me dis “ça y est, je veux avancer”. Donc j’ai agi et naturellement les choses ont commencé à bouger.
P: Plus précisément, ces actes c’était lesquels?
L: J’ai rencontré Barack Adama, mon nouveau producteur. J’ai signé chez H24. Par la suite, j’ai signé chez ARISTA [NDLR: label Sony dédié au développement d’artistes]. J’ai avancé en parlant !
Il y a forcément du positif dans chaque événement ou situation
P: Ça veut dire que les bloquages ils étaient dans ta tête uniquement?
L: Totalement. Tout le monde a des peurs! Ces peurs là elles créent des barrières en nous et inconsciemment on va s’empêcher de faire des choses par peur de tomber. Sauf qu’il faut dépasser ça parce que tu peux ne pas tomber. Et même si tu tombes, ça va juste t’endurcir et te rendre plus forte. Tout ce qui arrive, c’est pour une raison. Même les mauvaises choses elles surviennent pour quelque chose, c’est juste qu’on s’en rend pas forcément compte sur le moment, moi la première…
P: La spiritualité t’a aidé dans ce travail-là? Pour différencier ce qui était bon pour toi de ce qui était mauvais?
L: Complètement. Ça me permet de comprendre ce qu’il se passe autour de moi. Ok, il y a du négatif mais il faut regarder au fond des choses pour en tirer du positif. Même si c’est une petite miette, il y a forcément quelque chose de positif dans chaque événement. Peut-être que tu le verras un mois après, une semaine, un jour, qu’importe. Mais il y en a!
Tout ce qui arrive, c’est pour une raison. Même les mauvaises choses, elles surviennent pour quelque chose.
RELATIONS FEMMES – HOMMES
P: C’est cette positivité que t’as essayé de retranscrire dans “14:14” quand tu évoques les relations amoureuses?
L: Les relations femmes-hommes c’est ce qui me touche le plus. Je parle beaucoup de déception et de trahison parce que j’en ai connues beaucoup dans ma vie.
P: C’est que les hommes qui t’ont déçue dans ta vie?
L: Nan pas que, mais j’aime bien en parler surtout que j’en apprends tous les jours. En plus ça peut permettre à d’autres personnes de voir les choses autrement. Le titre “Incomprise” il peut parler à des femmes malheureuse dans leur couple. En tout cas, autour de moi ça en a fait réfléchir beaucoup et c’est ça la musique en fait.
P: C’est ça qui te pousse à faire de la musique?
L: Ouais bien sûr. Moi je veux partager des énergies, mes expériences, mes ressentis, mes états d’âme, mes peines et parfois mes joies. Parfois ça touche des personnes, parfois pas.
La musique ça sert à réfléchir aussi, à partager ses expériences, son énergie
P: Récemment t’as eu des déclics justement provoqués par l’écoute d’un titre ou d’un·e artiste?
L: La base de ce que j’écoute reste de l’afro nigérien [NDLR: Wizkid, Burna Boy, Timaya, Vanessa Mdee] même si je m’ouvre aussi à d’autres choses, notamment du rap.
AFFINITÉS RAP
P: Le fait d’écouter davantage de rap aujourd’hui ça te donne envie de te diriger vers ça musicalement? Que ce soit en solo ou bien dans le cadre de feats ?
L: Me diriger vers ça non, mais en feat pourquoi pas, parce que déjà j’adore leur plume. En plus, ils sont pas forcément chanteurs mais ils ont une façon ingénieuse de trouver des mélodies! Ils essayent pas d’en faire trop et ça donne des choses magnifiques.
P: T’as déjà essayé de rapper?
L: Je devrais essayer, j’ai peut-être un petit talent caché pour le rap! [Rires] Pourquoi pas tester.
P: T’écoute qui en rappeuses?
L: J’écoute beaucoup Doja Cat, Megan Thee Talion, Chloe, la petite de Beyoncé.
P: Elles t’inspirent à quel niveau ces artistes?
L: Elles m’inspirent surtout sur les show qu’elles font sur scène. C’est très beau visuellement, c’est recherché, j’aime trop.
P: Ça te manque la scène?
L: Ça me manque énormément, je suis impatiente!
P: C’est important de retrouver son public! D’ailleurs tu sais si tu es écoutée hors France hexagonale?
L: Par rapport aux statistiques Spotify et Youtube, il y a beaucoup d’écoutes et de vues aux Etats-Unis, en Afrique et aux Antilles.
RNB LOVE ET TRAHISION
P: Pour en revenir un peu aux thématiques que t’abordes dans “14:14” (c’est-à-dire l’amour, les déceptions), elles sont très associées au RnB. T’en écoutais jeune toi-même plus jeune mais est-ce-que tu penses le RnB a plus sa place en France?
L: Je pense que le RnB a toujours sa place en France. Il faut juste bien le faire, apporter quelque chose de nouveau tout en gardant la base du RnB, les origines. Faut pas trop dévier.
P: Justement pour toi c’est quoi la base du RnB?
L: La base du RnB c’est des mélodies, des textes qui parlent d’amour, de relations, du real love quoi!
P: [Rires] Pourtant maintenant on entend surtout des textes sur le désamour, sur les ruptures…
L: C’est vrai et j’avoue même moi en vérité je le fais! J’ai du mal à parler positivement de l’amour. En même temps c’est logique, on parle de ce qu’on vit, si on vit pas l’amour, on peut difficilement en parler… C’est triste hein! Après en 2021 je pense qu’on est beaucoup dans le “je prends, je jette” et ça se ressent dans les textes de tout le monde. On vit tous les mêmes problèmes, même en étant artiste!
P: Au-delà de ça, les femmes elles osent davantage parler de ce qui va pas dans leurs relations. Ça joue tu penses?
L: Oui complètement, il faut parler et de nos jours les réseaux sont devenus des exutoires.
J’ai du mal à parler positivement de l’amour, parce que c’est pas forcément ce que je vis
P: En fait si on y pense les femmes, même pendant l’âge d’or du RnB, elles parlaient de déceptions. C’est peut-être pas tout noir ou tout blanc du coup.
L: C’est vrai! Après il y a de tout parce que je moi je connais des artistes qui parlent d’amour parce que c’est ce qu’elles vivent. Je pense juste qu’on est plus nombreuses à vivre les déceptions et les trahisons que l’amour véritable [Rires] .
P: Tu penses que c’est possible d’écrire et d’interpréter quelque chose qu’on ne vit pas?
L: Bien sûr. Dans mes prochains titres en tout cas, je parle de ce que j’aimerais vivre. J’ai déjà aimé une fois une personne donc
Tout le monde sait ce que c’est d’aimer une personne : tu la vois partout, tu lui parles tout le temps, tu fais des nuits blanches juste pour lui parler! En tout cas suite à cet EP “14:14”, j’ai envie de parler de choses plus positives.
P: Sur un ton plus apaisé?
L: Ouais, j’ai envie d’être gentille avec les gars [Rires] . Ils m’ont fait de la peine !
P: T’es gentille tu veux t’ouvrir à tous les publics! [Rires]
L: Moi je me dis, t’attires à toi ce que tu es et ce que tu incarnes. Moi je suis amour donc je vais en parler comme ça un jour peut-être que j’aurais une belle histoire véridique à raconter dans mes chansons.
P: Qu’est-ce-qu’on peut te souhaiter hormis l’amour?
L: Beaucoup de disques d’or, de grosses tournées.
P: T’as un challenge en tête que t’aimerais relever à tout prix?
L: Hors musique, le cinéma! Plus en lien avec la musique, je me vois bien chanter dans le Savage x Fenty Show. J’aime beaucoup le concept. Je me vois bien chanter “M’en aller” en lingerie! [Rires].
P: Tu nous inviteras ?
L: Bien sûr, si je vous ai pas oublié d’ici-là! [Rires].
P: C’est gentil! [Rires].
L: Plus sérieusement, on peut me souhaiter plein de bonnes choses mais surtout l’amour et la paix, c’est important.
Découvrez “14:14”, le premier EP de Lylah :
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