Maka
Crédits: Auxance Malga @oxomalga

MACHIAVÉLIQUE COMME MAKA

Je suis venu solo

Je repartirai solo

Mes rêves noyés sous l’eau

La muerte sur le dos

Maka – Bénéfice

Maka, des rêves, il en a plein la tête. Qu’ils soient noyés sous l’eau ou en proie d’être réalisés, ses rêves animent ses journées comme ses nuits et ses textes authentiques en témoignent.

Bien qu’il n’en soit qu’aux débuts d’une carrière pourtant déjà prometteuse, le jeune rappeur liégeois voit les choses en grand. Il nous l’a dit lui-même : il veut voler plus haut que les building (spoil). Anciennement “BSV”, l’artiste belge d’origine congo-italienne a préféré se renommer “Maka“.

Machiavel

Nouveau nom pour une nouvelle carrière, pour une nouvelle direction artistique et pour un nouveau départ. Davantage introspectif, Maka a tiré son sobriquet de Nicolas Machiavel, un théoricien florentin aux pensées sombres. Rendu célèbre grâce à son ouvrage principal “Le Prince“, conçu comme une sorte de guide de bonnes (et mauvaises) pratiques en politique, Nicolas Machiavel n’est autre qu’un pragmatique ne s’intéressant qu’aux résultats: obtenir le pouvoir puis le conserver dans la durée.

Les ambitions de Maka ne sont pas aussi tyranniques, mais il travaille dur pour être chaque jour meilleur qu’hier. Discussion à coeur ouvert avec un artiste charbonneur et déterminé à viser haut et fort.

Maka
Crédits: Auxance Malga (@oxomalga)

ENCHANTÉ

La Pépite (P) : Avant toute chose est-ce que tu pourrais te présenter brièvement?

Maka (M) : Moi c’est Maka, originaire de Belgique quartier de Saint-Léonard, rappeur.

P : Comment t’en es venu à te mettre au rap?

M : J’ai grandi dans la musique, ma mère était dans la musique donc je suis bercé dans ça depuis que je suis petit.

P: Quel genre de musique?

M: Ma mère c’était une chanteuse et ça m’a donné le goût de faire ça. Ensuite, en grandissant j’avais un collectif avec mes potos. On rappait et tout est parti de là. C’est avec eux que j’ai écrit mes premiers textes, mes premiers clips.

P: Plus petit t’écoutais quoi principalement?

M: À la maison il y avait un peu de tout comme musiques. Je suis congolais-italien, ma mère est italienne. Donc j’avais des sons italiens, américains, vraiment tout!

P: Malgré cette diversité musicale, ton attention a été happée par le rap ?

M: Clairement oui.

P: Tu saurais dire pourquoi tout seul t’écoutais surtout du rap?

M: Honnêtement, c’était surtout le rap qui arrivait à m’ambiancer du coup je me suis dit “allez, moi aussi je me lance dedans”.

La plupart du temps j’écris chez moi mais dès que j’ai une inspi, j’écris direct.

RAPPORT À L’ÉCRITURE

P: Quand tu fais de la musique, tu dirais que c’est sur quels éléments que t’es le plus méticuleux?

M: L’écriture. Quand j’écris des textes, j’essaye de faire comprendre ce que je dis bien convenablement. Si je te dis une petite phrase OK tu vas peut-être comprendre, mais moi j’veux pouvoir te faire une grande phrase pour que tu puisses vraiment imaginer la scène.

P: Quand t’écris t’as besoin d’être au calme ?

M: La plupart du temps j’écris à la maison. Ça m’arrive aussi d’avoir une pause en studio, d’écouter une prod puis d’écrire.

P: T’as des créneaux dédiés à l’écriture ou tu laisses ton inspiration te guider?

M: Dès que j’ai une inspi, j’écris direct. Si j’ai une mélodie qui arrive dans ma tête je l’écris ou bien je l’enregistre directement sur mon téléphone. Dès fois j’écris que des petits bouts, des fois j’écris carrément tout le son. Ça dépend vraiment.

P: Il y a des thèmes qui te donnent particulièrement envie d’écrire?

M: Je réfléchis mais j’ai pas vraiment de thème. Je peux t’écrire un son vraiment street comme je peux t’écrire un son mélodieux. J’écris surtout ce que j’expérimente et ce que je vis au quotidien.

P: Tu parviens à évoquer tout type de sujet ou bien il y a certains thèmes sur lesquels t’aimerais t’exprimer mais tu n’y arrives pas encore?

M: Nan, pour l’instant je fais ce que je sais faire. Peut-être que par la suite j’aurais envie d’exploiter encore d’autres trucs, d’autres thèmes mais pour l’instant je me laisse guider par mon inspiration.

Maka
Crédits: Auxance Malga (@oxomalga)

C’est quand je me suis renommé “Maka” que je suis vraiment passé en mode pro

BSV DEVIENT MAKA

P: Ton ancien blaze c’était “BSV”, aujourd’hui tu t’appelles “Maka“. C’est une référence à Nicolas Machiavel [NDLR : Nicolas Machiavel est un théoricien de philosophie politique du XVe siècle originaire du Royaume de Florence, c’est de lui que provient le terme “machiavélique”]. C’est une référence lourde de sens. Pour toi, le machiavélisme c’est vouloir avoir le pouvoir et le garder à tout prix?

M: Il y a un peu de ça mais c’était surtout par rapport au fait qu’avant de m’appeler Maka j’étais autre chose. quand j’ai pris cette référence, c’était pour oublier l’autre et revenir qu’avec du nouveau.

P: Pourquoi tu tenais à oublier BSV?

M: Parce que c’est quand j’suis passé en mode Maka que je me suis mis en mode pro.

P: Il y a quand même ce truc de vouloir avoir son terrain et jamais le quitter, comme Machiavel?

M: Ouais un peu quand même, mais j’pense comme tout artiste! On a envie d’être en place, on a envie d’avoir une sorte de monopole.

EMPREINTE MUSICALE

P: À quoi tu dirais qu’on identifie ta patte musicale? Admettons demain tu rencontres quelqu’un en soirée, quels adjectifs te viendraient en premier lieu pour donner une couleur à ce que tu fais?

M: Personnellement je lui dirais que je fais de tout. J’ai pas un adjectif particulier qui me vient en tête, j’ai pas d’étiquette. Si on me demande ce que je fais, je dis que je rappe mais que je peux autant rapper “dur” que faire de la mélo.

P: Le son qui a le mieux marché jusqu’à présent en terme de stream c’est “Noir“. Est-ce-que tu sais ce qui a particulièrement plu ?

M: J’pense que c’est les paroles, le mood global du son et l’instru.

P: Le morceau dont lequel t’es le plus fier c’est lui ou un autre?

M: Pour le moment il y a quatre titres qui sont sortis et mon préféré jusqu’à présent c’est “Bénéfice“. C’est mon titre le plus introspectif, où je parviens le mieux à me raconter et à expliquer ma vie.

P: C’était le plus difficile à écrire ?

M: Non, quand je l’ai écrit le son ça glissait tout seul.

Je suis peut-être souriant et jovial à l’extérieur mais ça veut pas forcément dire qu’à l’intérieur je vais bien

INTROSPECTION ET MUSIQUE EXUTOIRE

P: Dans “Calibré” tu dis “Derrière ce sourire noir se cache une âme terrifiée”. C’est quoi qui terrifie ton âme?

M: Cette phrase elle fait surtout référence à ma vie. Je suis très souriant et jovial. Avec les gens je suis vanneur, je rigole beaucoup mais j’ai eu des péripéties dans ma vie qui restent en moi. Tu vas me voir sourire mais c’est pas pour autant qu’à l’intérieur je vais bien.

P: Et la musique te permet d’apaiser un peu ton âme?

M: Ça me permet d’extérorioser. de plus y penser. Je l’écris, je le fais sortir en parlant. C’est comme un exutoire.

P: T’arrivais à faire ça déjà quand ton blaze c’était BSV ou c’est depuis la naissance de Maka que t’y parviens?

M: Non, c’est vraiment depuis Maka.

Ça me fait plaisir de savoir que ma musique plait à des gens qui ne me connaissent pas du tout. J’ai le sentiment que je ne dois pas les décevoir

CARRIÈRE ET VOL PLANÉ

P: Dans ta tête tu te situes à quel niveau de ta carrière musicale?

M: Pour le moment je suis au début, là j’vais être parachuté du building et c’est à moi d’essayer de voler.

P: Tu préfères atterrir sain et sauf ou tu veux voler?

M: Nan, j’veux voler au dessus du building, j’veux pas voir les étages! J’veux être tout en haut ! [Rires]

P: Tes clips ont souvent bonne presse auprès du public. Les commentaires Youtube en témoignent : “Masterclass“, “Incroyable“, “Tu vas tout péter“. Comment tu te sens quand tu lis ça?

M: Ça me fait plaisir et surtout ça me permet de voir que même des gens qui me connaissent pas aiment sincèrement ma musique. Ça me rend vraiment content.

P: T’as le sentiment d’être attendu, que les gens guettent tes sorties avec attention?

M: Ouais, je sens que je dois pas les décevoir. On m’attend au tournant donc je suis obligé de toujours taper fort dès que je sors quelque chose. Ou du moins il faut pas faire en-dessous de ce que t’as produit avant.

Maka
Crédits: Auxance Malga (@oxomalga)

Pour faire mieux dans ma musique, j’essaye toujours de voir et de vivre d’autres choses

VISER PLUS HAUT

P: Pour aller toujours plus haut tu fais comment ? En ce moment par exemple, t’essayes de travailler sur quoi?

M: Pour taper plus haut j’essaye de voir et de vivre d’autres choses. J’essaye d’exploiter plus ce que je sais faire parce qu’en vérité j’en suis qu’au début et je pense pouvoir faire beaucoup plus.

P: Tu comprends ce que les gens ressentent quand ils disent “ouah il a toujours pas pété comment ça se fait, il a que des masterclass” ?

M: Je comprends dans le sens où je suis trop content de ma musique. Depuis que j’ai commencé, jusqu’à aujourd’hui je vois une nette évolution.

P: Pour grimper c’est quoi ta stratégie?

M: Je sors souvent des titres ou des freestyle pour pas que les gens s’endorment. Il faut qu’il y ait du contenu et de la matière en permanence.

P: Ce choix il est motivé par les nécessités de l’industrie qui incite à la productivité? Ou alors c’est personnel et c’est toi qui veut toujours avoir des choses à proposer?

M: C’est moi qui ai envie d’avoir ce rythme et fournir du contenu régulièrement.

P: Il y a un projet prévu pour bientôt?

M: Normalement ça sera avant 2022.

Maka
Crédits: Auxance Malga (@oxomalga)

A Liège, on commence petit à petit à être vraiment soudés et à capter que c’est important de se serrer les coudes

SCÈNE LIÉGOISE

P: T’es originaire de Liège en Belgique et en ce moment Bakari commence à gagner en visibilité. Est-ce-que t’as le sentiment que les étoiles sont alignées en direction de cette région et que c’est un moment propice pour les rappeurs liégois?

M: Ouais, je le ressens clairement quand je vois les commentaires qui mentionnent la Belgique et surtout Liège. Pendant longtemps on parlait surtout de “Bruxelles” mais là à Liège on va faire des belles choses aussi.

P: Il y a un sentiment d’appartenance ?

M: La mentalité liégoise est particulière. Parfois c’est un peu “chacun pour soi et Dieu pour tous” mais récemment il y a eu du changement. Petit à petit, on commence vraiment à être soudés. Les gens captent que c’est important de se serrer les coudes.

P: Tu te sens plus implanté sur la scène française ou belge?

M: J’ai l’impression que c’est surtout la France en ce moment. En tout cas c’est la France qui l’emporte sur les streams, les vus et même les échanges.

P: Qu’est-ce-qu’on peut te souhaiter pour la suite?

M: Que du bonheur, la santé, la richesse. Le reste on l’achètera.

Le dernier titre de Maka “Brigand” est disponible sur toutes les plateformes de streaming

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