Moussa ou rapper pour guérir

Des salles d’hôpital aux salles de concerts, Prince Waly réalisait, entre 2019 et 2022, l’une des plus belles remontadas de l’histoire du rap français. Avec, à la clé, Moussa, un premier album qui fête aujourd’hui son deuxième anniversaire et qui l’a définitivement installé comme un des piliers de la nouvelle génération.

crédits : Fifou (@misterfifou)

Avec déjà une dizaine d’années de carrière au compteur, Prince Waly (Moussa de son prénom) sortait son premier album éponyme, le 30 septembre 2022, soit trois ans après le salué BO Y Z. Un retard mais surtout une absence dûs à l’apparition de sa maladie : un cancer du thymus qui a endommagé ses cordes vocales et lui a fait perdre sa voix. Une traversée du désert au cours de laquelle, il a maintes fois remis en question son avenir dans la musique. Et pourtant.

Flamboyant et insolent de vitalité, le Prince renaît de ses cendres en faisant ce qu’il sait faire de mieux : découper des prods. En l’occurrence celles de JayJay, Crayon, AAyhasis, LamaOnTheBeat et High Klassified qui offrent un très beau terrain de jeu au “Walygator”. En témoignent ses placements de haute volée et son flow acéré sur “Avertisseurs (Part II)”, “Rottweiller” ou “Messe”. 

Nipsey Hussle, Lunatic et autres influences

Sur la pochette de l’opus réalisée par Fifou, Prince Waly pose, sur un fond rouge, la tête enfoncée dans l’airbag de sa voiture décapotable. Une référence claire à la cover du projet Victory Lap de Nipsey Hussle, rappeur californien assassiné en 2019 dont il reprend le principe du “marathon”. Ce dernier stipule que la vie est une longue course semée d’embûches au cours de laquelle il faut faire preuve d’endurance et de patience pour franchir la ligne d’arrivée et obtenir sa récompense.

Côté collaborations, la liste des invités de Moussa est très éclectique : Freeze Corleone, Enchantée Julia, Jazzy Bazz, Makala, Luidji, Feu! Chatterton mais surtout Ali, en qui le rappeur voit un véritable grand frère spirituel depuis la sortie de Mauvais Oeil de Lunatic. Duo que ce dernier forme avec un certain Booba et auquel Prince Waly fait allégrement référence tout au long du projet.

crédits : Fifou (@misterfifou)

Comme à son habitude, il use de nombreuses références sportives (Mario Balotelli, Zinédine Zidane, Dennis Rodman, Tiger Woods, Lewis Hamilton…), cinématographiques (Scarface, Ma 6-T va crack-er, La Cité de Dieu…) mais aussi luxueuses (Mercedes, Porsche, Avirex…). Il développe également le storytelling, en particulier sur “Movie” où il va jusqu’à raconter l’organisation d’un crime fictif.

Chant, introspection et religion

Loin de rester seulement dans la démonstration et l’ostentation, Waly s’y révèle plus sensible dans la deuxième partie du projet. Une évolution marquée par l’apparition de passages chantés comme sur les très élégants “Cra$h”, “Problème” et “BBF”. Une diversification vocale notamment influencée par sa muse et compagne, la chanteuse Enchantée Julia.

C’est finalement dans la dernière partie du disque, très introspective, que l’on en apprend le plus sur l’artiste. Il y évoque notamment ses traumatismes liés à la pauvreté et sa perte de confiance en lui (Broke, Miroir). Mais aussi sa foi en Dieu et l’amour des siens et de soi (Mercy).

Avec cet album, Prince Waly et Moussa ne font plus qu’un. En paix avec lui-même et son histoire, il est désormais prêt à devenir celui qu’il aurait dû être. Le marathon ne continue pas, pas plus qu’il ne touche à sa fin. Il ne fait en réalité que commencer.

Moussa de Prince Waly est à retrouver sur toutes les plateformes de streaming :

Retrouvez notre dernière chronique sur JANVIER… de Edge.