Crédit: Benjamin Ranger @k8vails

DJADO MADO, FANATIQUE DE RAP À LA CONQUÊTE DES ÉTOILES

C’est au Panthéon que nous retrouvons Djado Mado, rappeur âgé de 26 ans ayant grandi entre Valence et les Comores.

Sur ce monument historique est inscrit ce qui pourrait constituer une punchline du rappeur : « Aux grands hommes la patrie reconnaissante ». Sauf que pour Djado Mado, ces grands hommes ne sont ni des figures politiques, ni des physiciens, ni même des philosophes mais plutôt des rappeurs. Et ce n’est pas la patrie qui leur en est reconnaissante, c’est lui-même.

Psy 4 De La Rime, Rohff, Ghetto Fabulous, Nessbeal, la Mafia K’1 Fry, TLF… les références et hommages aux tauliers du rap français ne manquent pas chez Djado Mado. Se définissant lui-même comme un « fanatique de rap », il offre une musique qui n’en demeure pas moins actuelle tant s’agissant des sujets invoqués que des sonorités proposées.

En février 2020, il sort sa première mixtape « ULHAQ », puis en avril 2021, vient le tour de son premier EP « NOOR ». L’occasion pour nous de revenir sur ces deux premiers projets, sur les influences qui sont les siennes et sur son amour inconditionnel du rap.

Djado Mado Photo
Crédit: Benjamin Ranger (@k8vails)

La pépite: “Djado Mado c’est ton nom de scène ou ton prénom ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

Djado Mado : Mon prénom c’est Djadid Ulhaq. Un jour pendant un concert, il y a un mec qui m’a dit « Oh Djado Mado » et du coup c’est resté !   

P : ULHAQ c’est aussi le nom de ta première mixtape sortie en février 2020. Rétrospectivement, quel est le regard que tu portes sur ce premier projet ?

D : C’est un projet qui m’a permis d’être découvert par le milieu du rap, c’est-à-dire par les professionnels de la musique, ceux qui « dénichent » les talents. Suite à ça, j’ai pu avoir mon premier contrat. ULHAQ a été réalisé en totale indépendance, donc là grâce à ce contrat j’ai pu assurer un certain professionnalisme, accéder à de meilleurs studios etc.

P : Dans ton nouvel EP Noor, tu dis « 15 ans plus tard t’écouteras ULHAQ dans ta caisse, t’écouteras ULHAQ dans ta tess ou dans ton bled » (Noctambule). Est-ce-que ton objectif avec ULHAQ c’était de faire un projet qui se veut intemporel ?

D : Quand je rappais plus jeune, les gens pensaient pas forcément que j’allais continuer là-dedans. Donc là, c’est comme si je parlais à quelqu’un qui me connaissait depuis l’époque. Mais oui, le but c’est aussi d’être intemporel. Je pense que dès que ta musique prend de l’ampleur, les gens vont écouter tes premiers projets. Pour moi c’est important, c’est ton identité musicale.

P : En 2016, dans ton premier clip Dicidens, t’affirmes « Toute ma vie j’serai dissident ». Qu’est-ce que ça signifie pour toi d’être dissident ?

D : Pour moi c’est une mentalité ! En même temps c’est un clin d’œil au groupe mythique Dicidens composé de Nessbeal, Zesau et Koryaz, que j’ai beaucoup écouté. Ce mot, je l’ai appris grâce à eux ! C’est en allant regarder la définition que j’ai compris ce que ça voulait dire et en fait dans l’histoire, il y en a plein de dissidents ! Che Guevara, Bob Marley, Matoub Lounes…

P : Pourtant dans le paysage rap de 2021, ce n’est pas le rap dissident qui vend le plus. T’es d’accord ?

D : C’est vrai que ce n’est pas le rap dissident qui rapporte le plus mais si les gens m’écoutent depuis le début, ils savent que j’ai plusieurs palettes. Je peux te faire des sons kickés, très rappés et sans refrain comme je peux te faire des sons plus « légers » disons. Après c’est sûr que je suis un fanatique de l’écriture, c’est ça qui m’a fait rentrer dans le rap plus que le flow. La technique c’est tout aussi important évidemment, mais ce que j’aime le plus encore aujourd’hui ça reste de véhiculer un message en disant des « vraies choses ».

Je ne dis pas que je suis un lyriciste hors pair parce que si j’avais été rappeur en 2007, j’aurais été tout juste dans la norme. À cette époque, t’étais obligé de savoir écrire un minimum et vu j’ai beaucoup écouté ce rap là, ça m’influence forcément dans ma manière de concevoir la musique.

Ce qui ressort le plus de ma musique c’est Nessbeal, parce que c’est vraiment lui mon rappeur coup de coeur

P : À l’écoute de ton rap on a comme l’impression que l’ombre de Nessbeal plane au-dessus de ton ADN musical. Dans Noctambule tu dis avoir écouté Cellule autonome (Nessbeal, La Mélodie des briques, 2006) alors que t’avais « même pas un poil pubien ». Est-ce qu’aujourd’hui encore c’est un artiste que t’écoutes ?

D : Bien sûr ! Même quand je fais un projet, « La Mélodie des briques » et « Roi sans couronne » font vraiment partie des albums références que j’écoute.

P : Et quand t’étais petit, qu’est-ce que ça provoquait en toi d’écouter ces albums-là?

D : Nessbeal c’est la personne qui m’a donné envie de faire du rap. Petit j’en écoutais déjà beaucoup (Disiz, Biggie, Rohff) mais c’est vraiment vers 2006, en écoutant La Mélodie des Briques, que j’ai eu le déclic. Là je me suis dit : « Ah ouais j’ai envie d’écrire moi aussi pour dire ce que je pense et ce que je ressens ! ».

Quand j’écoutais Rohff ou même les Psy 4 De La Rime, ça me semblait trop lointain alors qu’avec Nessbeal j’ai tout de suite ressenti une proximité et c’est vraiment ça qui a fait la différence. Les larmes de ce monde c’est un son qui m’a énormément touché alors même que je ne comprenais pas tout. Mais avec le temps en grandissant, je découvrais et j’apprenais des choses à chaque nouvelle écoute et ça me mettait une tarte à chaque fois ! Même Peur d’Aimer, quand t’as 12 ans tu ne connais pas l’amour mais après en grandissant tu comprends ce qu’il voulait dire !

P : C’est lui aussi qui t’a donné envie de faire un rap « à message » ?

D : En vrai lui et toute l’école du 94 avec la MafiaK1Fry. J’ai conscience que ça se ressent dans ma musique parce que les gens me le disent beaucoup ! On me dit aussi un peu Rohff, Ghetto Fab, tout ce rap underground « d’avant ». Mais ce qui ressort le plus c’est sûr que c’est Nessbeal, parce que c’est vraiment lui mon rappeur coup de cœur.

P : « Noor », ça veut dire lumière en arabe et en comorien ça signifie aussi « l’étoile ». Pourquoi t’as voulu appeler ce premier EP comme ça ?

D : Parce qu’on veut la lumière, on veut les étoiles !

P : C’est-à-dire, gloire et succès ?

D : Pas forcément ! Moi je ne suis pas spécialement axé succès. Pour moi ça veut surtout dire que ton art soit reconnu et pouvoir générer des revenus grâce à ça. Ça revient à voir la lumière au bout du tunnel.

Djado Mado et son projet Noor
NOOR, 1er EP de Djado Mado sorti le 2 avril 2021

P : Sur la cover de NOOR on voit deux petits, j’imagine que c’est toi et ?

D : Mon cousin ! Sur la pochette de ULHAQ c’était son père, qui est le frère de ma mère. Chez nous aux Comores, on est une société matrilinéaire c’est-à-dire que beaucoup de la vie familiale se passe autour de la mère. Les frères de ta mère sont beaucoup plus présents dans ta vie que ceux de ton père.

P : Ils sont aux Comores ?

D : Non mon cousin il est à Valence, cette photo elle a été prise à la ZUP ! Je suis né à Valence et j’y ai vécu jusqu’à mes 7-8 ans. Après je suis allé habiter aux Comores puis je suis revenu. Et à 12 ans j’suis reparti vivre aux Comores jusqu’à mes 17 ans. Ça fait beaucoup d’allers retours.

Je suis un fanatique de rap français et je trouve ça super important de rendre hommage aux anciens parce que sans eux, il n’y a pas nous !

P :  Ton EP regorge de références, dont un hommage à Booba dans Winterfell où tu affirmes « Ma douleur est africaine, mon humeur palestinienne ». C’est aussi quelqu’un que t’as beaucoup écouté ?

D : Il y a des gens qui vont peut-être directement penser que je suis team Rohff, alors qu’en vérité on s’en fout ! [Rires] Booba je l’ai beaucoup écouté. Dans Mapesa aussi je ne dis « Ni intégré ni intégriste, j’suis juste intègre » (ULHAQ), ça c’est Ali de Lunatic (NDLR : il s’agit du titre Tolérance Zéro). Je suis vraiment un fanatique de rap français et je trouve ça super important de rendre hommage à tous ces gens-là parce que sans eux, il n’y a pas nous !

Il y a moyen que les gens comprennent enfin que ce n’est pas de la victimisation de parler de racisme!

Djado mado devant le panthéon
Crédit: Benjamin Ranger (@k8vails)

N : Dans ce même titre tu parles beaucoup des injustices liées au continent africain (pillage des ressources, franc CFA, colonialisme etc.). Ton message il fait écho à des débats qui sont apparus dans le débat public assez récemment (déboulonnements de statues, restitutions des œuvres africaines etc.). Est-ce que t’as l’impression qu’en France on est enfin prêts à parler de colonialisme, de racisme et d’inégalités ou tu penses que c’est encore des sujets trop tabous ?

D : Ça serait mentir de dire que ce n’est pas tabou ! Mais je pense qu’il commence à y avoir de la conscientisation, notamment chez les jeunes de ma génération, et même les plus petits, qui commencent à être éveillés. Je pense qu’il y a moyen que les gens comprennent enfin que ce n’est pas de la victimisation de parler de ces sujets. C’est une réalité, c’est un combat que les gens doivent accepter et reconnaître !

Ce n’est pas en camouflant la réalité qu’on va éteindre le feu en tout cas. Après encore aujourd’hui, dès qu’on en entend parler c’est suivi d’une polémique, mais bon au moins les gens commencent petit à petit à comprendre et je pense que c’est important.

P : Ton rap il t’aide à extérioriser toutes ces injustices du quotidien ?

D : Totalement ! Dans mon prochain projet, NOOR 2, je dis « Musique exutoire, triste comme Kurt Cobain ». On parlait beaucoup d’écriture tout à l’heure mais pour moi la musique c’est l’émotion et c’est ça le plus dur. A côté, avoir du flow et bien écrire c’est bien plus simple !

Faire ressentir une émotion quand tu rappes c’est le plus compliqué parce que c’est quelque chose que tu vis et ça se passe sur le moment. Aujourd’hui t’as des mecs qui arrivent très bien à le faire : Da UZI, YL, So La Lune, il y en a plein !  

N : Le message que tu véhicules dans ta musique il a un aspect contestataire et il inspire le changement. Dans Vague à l’âme tu dis « C’est pas sur Instagram qu’on va changer les choses. ».  Comment tu penses qu’on parvient au changement ?

D : En faisant des actions ! Instagram c’est un outil, c’est sûr mais il faut aller au-delà. En 1968 ils n’avaient pas Instagram et pourtant ils ont tout retourné, en 2005 pareil. Dès fois il faut joindre l’action aux causes. Je ne vais pas appeler à faire un coup d’Etat mais il faut sortir de son écran ! Ça ne veut pas forcément dire aller manifester. Tu peux faire des maraudes, faire des études, t’investir réellement et le faire jusqu’au bout sans forcément penser toujours au regard des autres. Dans mon cas, ça passe par le rap.

N : Est-ce qu’une bonne manière de faire bouger les lignes ça ne serait pas d’essayer de s’organiser sans attendre forcément l’intervention de l’Etat ?

D : Totalement, c’est ça ma mentalité en tout cas.

J’ai deux chez-moi : Valence et Moroni donc quand je vais au bled, je ne suis pas un expat’ !

P : Le retour à la Terre natale c’est un thème très présent et important pour toi. Dans Vague à l’âme t’expliques vouloir « investir sur le continent » et dans Noctambule t’affirmes « Si je pars d’une mort subite, enterrez-moi à Moroni ». Est-ce que tu peux nous parler du lien que t’entretiens avec les Comores ?

D : Mes parents ils sont nés aux Comores et c’est pour leurs études qu’ils sont venus en France. À la fin de leurs études ils sont rentrés définitivement au pays. Du coup vers mes 7 ans, on habitait aux Comores et aujourd’hui encore j’y retourne beaucoup.

J’ai deux chez-moi ; Valence et Moroni ! Quand je vais au bled, je ne suis pas un expat’, je sais parler la langue. Si tu me laisses six mois tout seul là-bas je vais m’y sentir super bien, c’est chez moi autant que la France.

P : Maintenant tu peux rajouter une ville à ton itinéraire, puisque t’habites à Paris ?

D : Exact ! À la base j’suis venu en 2014 pour faire un BTS « NRC » [NDLR : Négociation Relation Client] mais après je suis resté pour la musique. Quand j’étais ado à Valence il n’y avait pas beaucoup de studios rap donc c’était difficile d’enregistrer. Quand je suis monté à Paris, j’étais avec des cousins avec moi, on était une petite équipe bien soudée. On était quatre à rapper au sein du collectif « Gurru Muzik ».

P : Et vous êtes encore en contact aujourd’hui ?

D : Fort, ça bouge pas !  J’ai fait mes armes avec eux en venant à Paris parce qu’ils viennent d’ici, même s’ils ont habité aux Comores aussi. Ils m’ont beaucoup aidé.

A partir de 2019, je me suis donné à fond dans le rap

P : Comment ça s’est enchaîné pour toi entre 2014 et aujourd’hui sur le plan de ta carrière musicale ?

D : De fil en aiguille j’ai fait mon premier clip et j’ai commencé à comprendre comment ça se passait. J’ai sorti beaucoup de sons en featuring. On me demandait tout le temps quand est-ce que j’allais sortir un projet ! C’est à partir de 2019 que je me suis dit que j’allais faire ça sérieusement, avec le cœur et me donner à fond. Et finalement en 2020 je sors ULHAQ.

P : Tu prends ton temps pour faire un truc qualitatif, tu ne trouves pas que ça aussi c’est un peu une mentalité héritée du rap, comment dire…

D : …du rap d’avant, ouais !

artiste et une journalise
Crédit: Benjamin Ranger (@k8vails)

Les gens n’ont plus l’habitude d’entendre un rap à message !

P : Même si tu peux sembler être l’héritier d’un rap qu’on pourrait qualifier « d’ancien », ta musique elle demeure très actuelle. C’est quelque chose auquel tu prêtes une attention particulière ?

D : Oui ! Il y a plein de gens qui me disent « ouais tu fais du rap à l’ancienne », et je leur réponds d’écouter les prods, les refrains etc. C’est juste qu’ils ont plus trop l’habitude du message je pense ! [Rires] Du coup, direct on te dit « rap à l’ancienne ».

P : On peut dire que tu fais du « rap de rue politique et engagé » plutôt ?

D : Je parle beaucoup de la cité aussi ! Mais c’est vrai que je le fais à ma manière, je le politise beaucoup et je ne parle pas que de ballons et de chichas. Pour autant, j’trouve pas que je fasse du rap ancien non plus.

P : Dans Noctambule tu dis « Si Dieu veut on fera toujours ce rap de rue ». Comment tu le définis toi le « rap de rue » en 2021 et aujourd’hui qui l’incarne à tes yeux ?

D : Le rap de rue comme moi je le conçois je trouve qu’il n’y en a pas beaucoup. Je parlais tout à l’heure de DA UZI, mais il y a aussi Ninho sur certains sons, Niaks avec son album Commission Rogatoire. Mais c’est plus dur à déceler qu’avant je trouve.

P : Le rap de rue que t’écoutais dans les années 1990-2000 ressemble à celui de 2021 ? Qu’est-ce qui a changé pour toi ?

D : Comme je disais il y a des mecs qui rappent la rue, j’ai oublié d’évoquer 1PLIKÉ140, MIG, RK et d’autres. C’est juste que ça n’est pas aussi politique qu’avant ! Souvent c’est nous, les générations du milieu des années 1990 qui sommes encore des rescapés de cette époque-là et qui ont des références plus anciennes comme Ärsenik etc. Tu vois DA UZI, ça se sent qu’il a beaucoup écouté ça lui aussi, et c’est un 1992. Dinos aussi, 1993.

Je considère que je suis dans un entre-deux générationnel, j’ai un grand amour pour le rap d’avant mais ce n’est pas pour autant que je suis dépassé

P : C’est donc vraiment une histoire de générations puisqu’aujourd’hui le rap est assez polarisé. On trouve soit des « anciens » qui ont la trentaine, voire la quarantaine, soit des plus jeunes qui ont à peine la vingtaine. Toi t’es pile dans cet entre-deux générationnel et vous n’êtes pas les plus nombreux dans ce cas-là !

D : Il y en a un peu mais c’est vrai que moi je suis pile au milieu. Et je pense que c’est notamment pour ça qu’il y a un problème au niveau du public qui n’arrive pas encore forcément à me « caser ». Ça c’est vraiment un problème propre à la France, de vouloir à tout prix mettre dans des cases. Aux États-Unis ça n’a rien à voir ! Il y a des cases, mais il y a aussi tellement de monde que tout le monde arrive à trouver son public.

Moi je considère que je suis dans un entre-deux générationnel, j’ai un grand amour pour le rap d’avant mais ce n’est pas pour autant que je suis dépassé.

panthéon
Crédit: Benjamin Ranger (@k8vails)

P : « J’suis nostalgique, j’vis dans le passé mais j’suis pas has been » comme tu dis ! [NDLR: extrait du titre 11 juin)  

D : Bah ouais je ne suis pas has been, jamais de la vie ! C’est trop important d’être actuel. Par exemple je travaille avec Madizm et lui il a vraiment traversé toutes les époques ! Il a fait des prods à Salif, NTM. Tous les jours il répète qu’il faut arrêter de penser à hier, mais plutôt performer pour penser à l’avenir.

Évidemment faut faire ça sans délaisser ton identité. Mais le rap c’est une musique générationnelle. Regarde Booba, Soprano, Alonzo, Rim’K ils sont la preuve qu’il faut se transformer. Qui aurait cru qu’Alonzo du Son des Bandits allait sortir Binta ! [Rires] Et pourtant il le fait très bien et c’est lourd. Rim’K c’est pareil, on ne se serait jamais dit qu’il allait passer de Tonton du Bled à Air Max avec Ninho.

P : Pour toi c’est la preuve qu’on peut avoir une longue carrière dans le rap ?

D : C’est le but. Moi je préfère nicher un maximum et faire une carrière dans la durée plutôt que tout péter un an et disparaître six mois après… Je pense que c’est important de pérenniser et c’est pour ça qu’il faut écouter ce qu’il se fait actuellement et se mettre à la page.

P : Et alors en ce moment c’est quoi que t’écoutes ?

D : [Rires] En arrivant j’écoutais « À chaque jour suffit sa peine » de Nessbeal mais après franchement il y a de tout dans mes oreilles : OBOY, So La Lune, Niaks, Naps, Jul, La Comera.

P : T’écoutes que du rap ?

D : Pas que ! J’écoute aussi beaucoup de musiques de chez moi, des chansons toirab. C’est un genre comorien. Même le rap comorien il est très différent du rap français, tout à l’heure j’écoutais Zoubs Mars, c’est un peu mielleux j’aime bien ! [Rires] Après globalement c’est vrai qu’en proportion j’écoute plus de rap français.

P : Et en rap US ?

D : À l’ancienne, j’aime beaucoup Nate Dogg. En récent, j’aime bien Young Thug, Gunna, Lil Baby, Roddy Ricch, Migos. J’avoue que ce n’est pas ce que je saigne le plus parce que je ne comprends pas l’anglais, j’écoute surtout pour la musicalité. Et dès que je ressens de l’émotion, je vais voir direct les paroles. Récemment ça m’a fait ça avec Lil Tjay, parce qu’il a une voix spéciale ! Après j’ai toujours regardé les traductions de 50cent, The Game etc.

P : En tout cas ça confirme que t’es vraiment attaché au texte, même en tant qu’auditeur !

D : De ouf !

P : Le premier projet que tu sors c’est une mixtape, le second c’est un EP, le troisième ça sera un album ?

D : Non, un EP aussi ! A la rentrée, il y a NOOR 2 qui va arriver. Pour l’album on attend d’avoir plus de moyens et puis ça sera une étape supplémentaire.

P : Ta première mixtape elle était 100% en indé ?

D : C’est ça, ULHAQ était en 100% indé et là pour NOOR je suis signé chez Double M, un label indépendant.

Pour faire du rap en indé, il faut avoir les reins solides !

P : C’est quoi le conseil que tu pourrais donner à des jeunes artistes qui veulent se lancer en indé aussi ?

D : Faut avoir les reins solides hein ! [Rires] Faut savoir bien s’entourer, avec des gens de confiance. C’est impossible de tout faire seul. Moi-même quand j’ai fait ULHAQ je n’ai pas hésité à aller solliciter des conseils ou de l’aide extérieure. J’ai constitué une petite équipe avec mon petit frère, mon petit cousin et le grand frère d’un pote à moi (aujourd’hui mon manager).

P : Ta musique, c’est une affaire de famille !

D : En vrai ouais ! C’est mon manager qui a fait écouter ULHAQ à Madizm et c’est comme ça que j’ai réussi à décrocher quelque chose. Aujourd’hui ça me permet de faire de la musique en dormant sur mes deux oreilles sans me compliquer la vie sur des détails extérieurs à la musique en tant que tel comme les rendez-vous professionnels par exemple.

Comme disaient Oxmo et Grödash, tu vas nulle part sans personne ! Moi je ne suis pas un gars solitaire et sans eux il n’y a pas moi !

Le premier EP de Djado Mado, NOOR, est disponible sur toutes les plateformes de streaming.

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