Amusez-vous, cette année, c’est nous ! »
Amusez-vous, Jet
C’est sur ces mots que Jet et Sensei démarraient 2019. Plein gaz sur la nouvelle année, F430 frappait à la porte du rap français avec Thank You God, un premier album long de 22 titres. 1h20 d’écoute, pour notre plus grand plaisir, où les deux rappeurs jonglent aisément entre les prods et les ambiances. Et si les auditeurs les plus fidèles connaissaient déjà les 8 titres sorties auparavant, ils ont ajouté 14 nouveaux titres à leur tracklist. Certains s’entêteront à dire qu’il est trop long, d’autres reconnaissent qu’il n’y a rien à jeter.
Retour en février 2019, le duo sort Thank You God, un projet qui s’installe confortablement dans ma playlist malgré sa longueur et le temps passé.
Les Tarterêts, des racines indéniables
Puisqu’il va falloir en parler, on ne peut pas manquer de le souligner. Jet et Sensei, tous deux originaires de Corbeil-Essonnes (91) et proches de PNL, s’inscrivent naturellement dans l’héritage actuel de ces derniers. À la même enseigne que DTF ou Moha MMZ, F430 est un pur produit de l’esprit QLF au sein de l’édifice musical bâti par les deux frères. Des mélodies clouds aux expressions, c’est cette recette qui forge leur univers musical et visuel.
Pas de nouveaux amis, 3ami, c’est que la F, que le sang de la veine.
Que la fafa, Sensei
Inévitablement, la comparaison régulièrement faite entre les deux tandems est évidente. À tort ou à raison, certains tentent continuellement de prouver que, je cite, « PNL > F430 ». C’est bête et futile. Malgré tous leurs points communs, étant donné qu’ils font partie du même écosystème, on ne peut pas reprocher à F430 d’avoir la même identité, si particulière à leur cité d’origine. D’autant plus que les deux rappeurs s’appliquent, encore aujourd’hui, à travailler leur originalité à travers diverses propositions et prises de risque.
Mélodie, flow et harmonie : les mots d’ordre
Quand Jet s’exerce à pousser la chansonnette en jouant avec les mélodies, Sensei aiguise sa plume entre des placements et flows affinés. L’un complète l’autre harmonieusement, sans que cela empiète sur l’un d’entre eux. Ils semblent se repartir équitablement le travail. Jet est la face d’une pièce, tandis que Sensei est le dos. Leurs différences les rapprochent, pas de fossé, ils additionnent leurs points forts.
Ces putains paieraient cher pour un refrain de Jet ou un couplet du maître.
Ça va payer, Sensei
Loin de leur porter préjudice, l’affiliation QLF est une force. Elle se démarque dans leur utilisation des mélodies planantes et de l’autotune sur des intrus aériennes, ou encore dans l’expression de la mélancolie et de la nostalgie. La cohérence est nette : les productions sont excellentes, les toplines de Jet sont entêtantes et la technique de Sensei est frappante.
Des sonorités vaporeuses, les deux pieds sur le bitume
En guise d’introduction, Hajime, littéralement “le début” en japonais. Simple et efficace pour lancer l’album. Le reste des morceaux s’enchainent ensuite en toute légèreté à la vitesse d’une Ferrari. Aucun skip, chaque titre est à sa place et chaque note sur le bon ton. La qualité sonore, à la tête de leur cahier des charges, guident leurs voix auto-tunées et relève finement leurs adlibs. Le tout soutenu par des gimmicks incisives qui se fondent aux onomatopées aérés de leurs textes durs.
La misère au bout du fil, j’ai prié pour que ça change.
Béni, Sensei
F430 se livre, tiraillé entre les regrets passés et les inquiétudes futures. Entre leurs questions existentielles et des potentiels tubes, Jet se confie sur ses ambitions et Sensei retranscrit ses émotions. Problématiques personnelles, trahisons ou bien nouveau mode de vie, la paire narre son quotidien et ses anecdotes au pied des tours des Tarterêts.
Unique featuring, Puta avec Moha MMZ. L’album est porté par l’hymne Que la fafa. Les atmosphères et les thématiques se multiplient : introspectifs sur Un mal pour un bien, romantiques sur My Love, ensoleillés sur Gangsta ou bien nocturnes sur Every Night. Coup de cœur personnel pour Béni, Solide et Battosai (référence à Kenshin le Vagabond oblige).
Avec Thank You God, F430 construit sans difficulté l’esthétique de son univers, confirme sa musicalité et travaille son identité visuelle. Des codes et des particularités qui s’officialisent par la suite dans leur EP “Street Quality”.