Ecouter Tedax Max, c’est un peu comme entrer dans un ring de boxe et manger des uppercuts et des crochets au fond des cordes. Impossible d’échapper aux punchlines et aux rimes tranchantes du MC de la Guillotière. Et pour nous rappeler à nouveau à quel point son feu est brûlant, Tedax nous a offert son troisième et dernier EP de l’année 2021, la saison finale de sa Forme Olympique. Un projet qui semble venu tout droit du Bronx ou du Queens, tant les influences du rap new-yorkais s’y font ressentir. De passage à Paris, le big Tedax a accepté de discuter avec nous de son début de carrière, de son amour pour le sport, pour New York et surtout pour le rap.
La Pépite : Comment ça va Tedax, après la sortie de la saison finale ?
Tedax Max : En forme Olympique. Il y a eu de très bon retours, ça fait grave plaisir, sachant que c’est dans la continuité. Chaque projet est de mieux en mieux accueillis. Je suis content parce que le dernier, c’était un peu plus moi et mon univers.
P : Tu viens de clore une grosse année 2021 avec les trois EPs de la série Forme Olympique. Pourtant à la base, tu as commencé à rapper dans ton quartier. Comment tu es passé de rappeur du quartier à ce nouveau statut que tu as maintenant, de nouvelle tête dans l’univers rap français ?
T : Quand on commence à faire du son, on n’imagine même pas faire ça en studio. Nous c’est on écrit, on rappe dans nos chambre, on arrive au quartier, on freestyle devant tout le monde. C’était comme ça. A la base, on le fait surtout parce qu’on aime ça, parce qu’on s’amuse. Et en même temps, on me demandait “wesh Tedax t’attends quoi pour faire du son ?”. Moi, je traînais un peu, ou je postais sur Soundcloud mais les gens au quartier, ils ne connaissent pas Souncloud ! Ils ne s’attendaient même plus à ce que je sorte quelque chose (rires). C’était compliqué pour m’écouter. C’est pour ça que j’ai commencé à envoyer des morceaux sur Youtube, pour que les gens de mon quartier puissent trouver mes sons.
Et en fait ça a pris petit à petit. On a eu de super retours ! Les réseaux ça nous a bien aidé aussi, notamment Twitter. Du coup, à un moment on avait pas mal de morceaux, on à décidé de sortir un projet, Forme Olympique. Ce n’était pas prévu à la base, c’était plutôt un regroupement de sons. C’est aussi pour ça que la direction artistique est plus floue sur ce projet là que sur les deux suivants, qui ont aussi leur propre couleur. Donc on a balancé le premier EP, les gens ont bien aimé, on avait déjà installé quelque chose avec le titre, la cover… On s’est dit pourquoi pas en faire d’autres ? Donc on a enchaîné.
New York, ça reste ce qui m’a toujours matrixé le plus.
P: Il y a cette inspiration très New York dans ces projets, notamment sur le dernier EP. Les gens l’ont remarqué d’ailleurs, il y a eu plein de réaction là-dessus, des tweets du style : “Tedax il vient de Lyon ou bien du Queens ?”. On sent à quel point cette ville est importante pour toi. Ce rap new yorkais, qu’est ce que ça représente, comment cette ville t’as inspirée ?
T : Ce que j’ai le plus écouté dans ma jeunesse, c’était ce rap là des années 90-2000. Et New York ça à cette empreinte, la mecque du hip-hop. Après, j’ai toujours été grave inspiré, même ailleurs. Ça se ressent dans les deux premières saisons de Forme Olympique. Avec la Middle Saison notamment, on entend les sonorités du rap du sud des U.S, de Houston, de Los Angeles. Ce sont aussi mes influences, parce que ça fait partie de ce rap des années 90-2000. Mais New York ça reste ce qui m’a toujours matrixé le plus.
D’ailleurs NYC a influencé tout le rap français. Parce que dans les années 90, les MCs français reprennaient l’esthétique et les codes de New York. Donc même les références de des rappeurs français que j’ai écoutés, elles sont marquées par la musique de là-bas. Et je trouve qu’en France on a su faire quelque chose avec cette influence, ce son de NYC. On a la chance d’avoir une langue plus riche que chez les américains. Donc quand t’as vraiment des gens qui savent écrire, c’est propre, c’est vraiment chaud ce qu’on peut faire ici.
P: Cette culture du rap new-yorkais, ça t’apporte quoi en tant que rappeur ?
T : Quand tu as ces bases là, quand tu maîtrises le rap de ces années là, les notions du freestyle, ce style new-yorkais, tu sauras rapper à peu près sur tous les autres styles aussi. Ça veut dire que demain si on t’emmène sur des sonorités d’Atlanta, de la drill ou peu importe, ceux qui sont issues de ce rap new-yorkais auront moins de mal à s’adapter que les autres.
Aujourd’hui, on voit un Jim Jones (rappeur de NYC et membre des Dipset) feater avec Migos, il va sur leur terrain en normal. Migos ils ne peuvent pas rapper sur une instru à la Jim Jones. Ou en tout cas, on ne les a jamais vu faire ça. Ça fonctionne aussi parce que les New-yorkais arrivent à s’adapter. Et ce mindset, ce style de New York, c’est ma base.
P : Qui sont les rappeurs qui représentent le mieux NYC, pour toi?
T : Souvent , je dis Dipset et Mobb Deep. Parce que ce sont un peu des ambassadeurs. Les Dipset sont connus pour leur côté “fly”, ils ont ramené cette fraîcheur, ils sont arrivés avec un truc que personne ne faisait, avec un style unique aussi. Cameron et les mecs d’Harlem, ils ont un vrai flow. D’ailleurs, Harlem c’est aussi un quartier reconnu pour le style qu’ont les gens là-bas. Mobb Deep, eux, ils ont plutôt ce côté sombre, ce côté froid, le quartier mais propre à New York.
Et il y a aussi plein d’autres noms, même chez les rappeurs contemporains. NYC ça a plusieurs gueules. Il y a toujours eu du bon rap dans cette ville et je me suis toujours retrouvé dans ses rappeurs. C’est un endroit particulier pour le hip-hop. Si on prend l’exemple de la drill UK, ça vient de Londres, mais c’est cette scène new-yorkaise de Brooklyn, à travers des gars comme Sheff G, puis Pop Smoke, qui va faire péter le mouvement dans le monde entier. Tout le monde tape la drill mais à New York, ils l’ont remise à leur sauce.
P : Il y a une autre ville qui est super importante pour toi, c’est Lyon, ton fief. J’ai lu que tu la considérais comme la capitale de France. Pourquoi ?
T : Je suis comme tous les Lyonnais, j’aime vraiment ma ville. On est très fier, on aime notre secteur, notre quartier. On a une certaine mentalité et là en plus le fait qu’on est une ville qui voit émerger pas mal de rappeurs ! Il y en a toujours eu, mais ils n’ont pas connu la même exposition, le même succès qu’ailleurs, on va dire.
Je pense que Lyon vit son premier âge d’or du rap.
Mais aujourd’hui je pense que Lyon vit son premier âge d’or du rap. Dans la ville, personne ne peut nier que, depuis quelque temps, depuis 2020, peut être même 2018-2019, il y a vraiment eu de gros artistes qui sont sortis du lot. On a su se démarquer. Et ce n’est que le début, il y a pas mal de rappeurs bien chauds qui arrivent. Ça rap vraiment à Lyon, et le public commence à le comprendre.
P : Tu trouves qu’à Lyon, vous avez réussi à développer votre propre son, comme c’est le cas à Marseille ou à Paris par exemple ?
T : Je ne sais pas, c’est difficile à dire. Nous à la base, on est surtout connu pour les sonorités funky. C’est notre truc. On a vraiment cette culture assez west coast.
Après, aujourd’hui, est-ce qu’on a un son de Lyon ? Honnêtement, je ne pense pas. Parce que c’est vrai qu’on a chacun nos styles. On n’arrive pas vraiment avec un rap novateur. Par contre quand nos rappeurs trouvent leur truc à eux, ils sont chauds. C’est comme ça qu’on se démarque. Mais je pense qu’avec notre argot, notre façon de parler, de faire les choses, on a déjà une identité.
P : C’est quoi tes premiers souvenirs de rap ? Comment t’as commencé à en écouter.
T : Petit, j’aimais déjà la musique, il y en avais tout le temps à la maison, comme chez tous les Zaïrois ! Moi, je traînais pas mal devant MCM, les chaînes comme ça déjà. Mais c’est vraiment aux alentours de 8 ans que j’ai pris conscience du son rap. Je tombe sur l’album Les chroniques de Marseille , qu’un pote à moi prend à son père et me ramène. C’est du rap très élevé, des classiques, ce genre de projet. Moi, à 8 ans, je n’avais pas encore l’oreille pour tout comprendre mais déjà, à l’époque, je capte que c’est de la dinguerie. Et ça me bousille ! Le rap, le son, l’univers… Je me prends tout ça. Du coup, j’ai commencé à écouter pas mal de rap marseillais : Iam, L’école du micro d’argent, Petit Frère…
Et puis, il y avait aussi le Secteur Ä. Et le Secteur Ä passait à la télé. Je les voyais avant d’aller à l’école, en prenant mon petit déjeuner. Tu tombes sur Nirvanah de Doc Gyneco, tu tombes sur Affaire de famille de Ärsenik, tu tombes sur la connexion Iam – Nas, sur les mecs du Wu-Tang…
P : Donc tu prends tes références très tôt. On peut dire que petit comme ça, tu es déjà à fond dans le rap.
T : Oui, c’est ça ! Et petit, quand tu es passionné d’un bordel, tu y vas à fond. On n’avait pas internet à l’époque quand j’avais cet âge là, donc on se documentait via la presse. Mes potes me ramenaient les magazines hip-hop qu’ils prenaient à leur daron ou leurs grands frères.
On enregistrait les sons qui passaient à la radio sur des cassettes aussi. On pouvait faire nos propres compilations comme ça, avec plein de morceaux et d’artistes différents. Je me repassais les morceaux en boucle en essayant d’imiter les rappeurs. Un peu plus tard, j’ai commencé à écrire mes premiers textes par-dessus les cassettes. Et toute ma vie ça a été ça en fait : écouter du rap et me documenter dessus.
P : Dans les nouvelles têtes ou les rappeurs contemporains, il y a des artistes qui t’impressionne, des rappeurs qui t’ont mis des gifles ?
T : J’écoute pas mal d’artistes qui s’inscrivent un peu dans mon registre. Déjà, j’écoute beaucoup l’équipe Griselda, par exemple. Ils ont ce truc à l’ancienne et en même temps, ils sont bien en place. Après, chez les plus jeunes, ce sont des scènes que tout le monde ne connaît pas forcément mais là, j’écoute pas mal de rappeurs comme Rome Streetz, Stove God Cooks, Chase Fetti. Ces gars collaborent pas mal avec Griselda. Ils sont New-Yorkais, grave actifs et graves chauds, des blazes à surveiller !
Après, il y en a plein d’autres. Je pense à des artistes comme G Perico par exemple. Lui, je le saigne à mort, je kiffe son délire. En fait, j’aime les gars qui respectent la tradition de rap de leur ville mais en apportant le truc frais en plus. Un G Perico par exemple, tu sens que c’est West Coast de ouf mais il apporte sa patte. Cette tendance là, ça me parle.
P : Dans ton rap, tu as ce truc de cracheur de feu, de gros kickeur avec de bonnes phases et des punchlines qui restent en tête. Comment ça se passe pour écrire chez Tedax Max ?
T : J’ai plus de facilité à écrire quand j’ai la prod et lorsqu’elle me parle, les phases arrivent plus facilement. Bien sûr, ça m’arrive aussi d’écrire sans prod et puis quand il y a des phases qui me viennent, je les note et j’essaie de les intégrer dans des morceaux ensuite. Mais en règle générale, je préfère écrire avec les instrus quand même. J’en demande en permanence aux beatmakers.
Parce que c’est ce qui va m’éveiller des fois. Si j’en reçois une bien chaude, c’est possible que j’écrive un morceau en une soirée, voire moins. Mais j’aime bien aussi écrire de mon côté tranquillement. J’écoute la prod en boucle, je pose un truc, je corrige, je le répète, je chill un peu, je change, je rajoute 2 ou 3 phases… Ça peut prendre du temps, plusieurs jours, mais je crois que c’est comme ça que je préfère travailler. A la fin, on délivre toujours de bons couplets.
P : Tu cites énormément de références dans ta musique, au rap, aux films, à la culture. Qu’est ce que ça apporte comme plus-value à tes textes ?
T : Les gens kiffent les références, le fait de connaître, de sentir le truc, ça fait plaisir et surtout ça permet de rallier deux générations. Je le vois avec des mecs qui ont 40 ou 30 ans ou même avec la nounou de ma fille. Elle écoute les sons, elle me dit “ah ce film là, je le connais !”. Quand les jeunes vont se retrouver dans l’énergie, le kick, les plus anciens pourront se retrouver eux aussi, déjà s’ils kiffent l’esthétique des morceaux, mais aussi avec les références. Ça mélange un peu plusieurs générations.
P : Sur le dernier EP, il y a quelques sons un peu thématiques, peut-être plus introspectifs, dans lesquels tu te racontes un peu. Je pense à La route de l’école ou Interlude Léopard. On dit souvent que pour les MC très techniques les très bon rappeurs, les morceaux à thème et ceux avec des refrains sont les plus difficile à écrire. Ça a été le cas pour toi ?
T : C’est assez vrai. En fait, mon écriture est très spontanée, dans des codes de freestyle, c’est-à-dire qu’on balance phase par phase. Du coup, c’est plus compliqué, quand on a intégré cette façon de poser, d’écrire des morceaux à thème dans lesquels on veut vraiment creuser sur un sujet et faire quelque chose de bien. Après, pour Interlude Léopard et La route de l’école, ça n’a pas été si compliqué, déjà parce que ce sont des morceaux courts. Je n’ai pas eu à m’étaler 4 minutes.
P : Peut être que c’est des morceaux que tu as travaillé plus longtemps aussi ?
T : Même pas ! Moi, je fais tout à l’instinct. Je ne m’impose pas de thème quand j’écris mais parfois, il peut y avoir un thème qui va ressortir. Ça peut être la direction d’un couplet, ou quelque chose d’extérieur au son qui va me donner l’inspiration.
Par exemple pour la route de l’école, ça part d’un titre de Dave East qui s’appelle On my Way 2 school. C’est littéralement la même chose que La route de l’école. Dans ce son Dave East répète beaucoup “On my Way to school”, c’est ce qui m’a suggéré l’idée du morceau : j’ai repris la même thématique, à ma sauce en français. Une fois que j’ai trouvé ça, l’inspiration est venue toute seule, j’ai juste déroulé.
Pour Interlude Léopard, c’est un peu la même chose. La prod, c’est un sample de Koffi Olomidé et c’est plus un délire qu’autre chose. Ça vient de Nars, l’un des beatmakers avec qui je bosse. Lui, il aime s’amuser, il a une grosse palette de prod et pas mal d’expérience donc il teste plein de sonorités. Il peut te faire la prod de Causes et Pertes et derrière débarquer au studio avec une instru bien afro.
Et quand on est au studio, il me balance des instrus comme ça, des samples comme celui de Koffi par exemple. Un soir en écoutant les prods comme d’habitude, j’ai bloqué sur celle-ci, j’ai eu l’inspiration et c’est parti tout seul. Après, l’ambiance du truc, j’étais obligé de faire quelque chose qui se rapproche de l’univers congolais.
C’était important pour toi d’avoir ces deux morceaux qui tranchent un peu avec la couleur très NYC de la saison finale ?
Oui de ouf, ça permet d’aérer le projet, de respirer un peu au milieu des autres titres qui eux pour le coup sont très rap.
P : Pourquoi Forme Olympique, comme titre et pourquoi cette imagerie calquée sur la mythologie ?
T : La mythologie, j’aime beaucoup ce monde là. L’histoire des dieux grecs, l’Iliade, l’Odyssée c’était mon bail, déjà à l’école. Ça m’a toujours intéressé.
En ce qui concerne l’image, on s’est inspiré de Griselda, que j’écoute beaucoup. Ils ont ce truc-là de reprendre des peintures et de les retaper à leur façon, un peu gang, c’est un délire que je voulais me réapproprier. On a fait ça à notre sauce avec les covers.
Et puis le mont Olympe, la forme olympique, ça renvoie à pas mal de choses. Olympique, comme Olympique Lyonnais, la forme olympique dans le sens où on est bien on arrive avec le cardio, avec la forme. Donc pour moi, c’était le blaze parfait.
Je disais souvent que j’allais éteindre les autres rappeurs. Je le pensais vraiment.
P : Justement tu parles de L’OL. Le sport c’est quelque chose de super important pour toi. On à l’impression qu’il y a cette dalle, cet esprit de compétition commun entre les rappeurs et les sportifs. Est-ce que le rap ça peut être assimilé à du sport selon toi ?
T : Oui à fond. Quand un footeux ou un boxeur rentre sur le terrain ou le ring, ils se saluent, mais ils viennent se cogner dessus dur. C’est comme ça dans le rap aussi pour moi. Si je viens dans un studio, je défonce tout le monde ! Tu viens avec ton art, ton truc, moi aussi, on ne peut pas se mentir, il y a cette rivalité. C’est là. A l’époque, au quartier, je disais souvent que j’allais éteindre tout le monde, je le pense vraiment. Demain si tu veux que je prouve ce que je dis, moi je suis prêt à assumer !
Et j’aime ce truc là, c’est du “blood sport”, un peu. Maintenant j’ai l’impression qu’aujourd’hui on est moins là dedans. Il y a un un rap un peu plus léger. Et c’est bien aussi, chacun son délire ! J’écoute ce rap là et ça me plait. Mais dans mon registre à moi, cette compétition, c’est vital. Je veux que les gens sachent que, quand ils entrent dans la cage avec Tedax, c’est sérieux.
P : Donc il y a cette compétition quand tu fais un feat avec un gars à toi comme Laws Babyface par exemple ?
T : On se teste mais il y a moins ça. En règle générale, on vient surtout pour faire du bon son. Par exemple, j’ai fait du studio avec Waly (Prince Waly) et Infinit. C’est du poids lourd. Dans ce que nous faisons, ce truc de kickeur, ce sont des mecs qui ont un blaze. Quand je pose avec eux, je n’y vais pas avec la peur, mais faire un bon couplet, c’est aussi montrer le respect que tu as.
Il faut être à la hauteur des MCs, de leur réputation, de ce qu’ils ont déjà fait. Ce sont des gars que j’ai écoutés ! Même si je me fais mon blaze aussi avec mes sons en solo, je pense que c’est gratifiant de combattre sur le ring avec des rappeurs chauds comme ça. Ca me booste encore plus à bien bosser. Donc bien sûr, on respecte les rappeurs, on n’est pas là pour écraser les gens… Mais d’une certaine façon, en studio, on vient quand même pour écraser les gens, avec le respect.
P : On parle de sport, tu cites énormément de sportifs dans tes textes. Et pas forcément les plus connus. Par exemple, tu parles de Karl Malone (ancien joueur NBA), qui était l’un des grands rivaux de Jordan mais que peu de monde connaît finalement. Pourquoi ce sont ces noms là que tu préfères ?
T : Je ne suis pas trop dans les GOAT. Par exemple, tu prends l’équipe du Brésil, la Seleçao 98. Bon, R9 (Ronaldo), c’est R9 rien à dire, c’est un boss. Mais moi je préférais Rivaldo, qui est plus derrière. Je vais toujours guetter le mec derrière. En NBA, je suis plus Pippen que Jordan. Je ne dis pas que Scottie Pippen est meilleur que MJ ou que Rivaldo est plus fort que R9. Mais ces joueurs-là me parlent plus. Des gars qui font le boulot dans l’ombre et qui sont un peu les meilleurs dans leur couloir, dans ce qu’ils savent faire.
Autre exemple, en NBA, mon gars, c’est Vince Carter. Ce n’est pas le plus connu, ce n’est pas le meilleur non plus, même si c’était un sacré joueur. Mais dans son couloir du dunk, il était trop chaud, il a apporté ce côté spectaculaire, on avait jamais vu ça. Le concours de dunk du All Star game 2000, je pull-up 10 fois quand je le regarde ! Encore aujourd’hui, c’est de la dinguerie.
Moi, je me reconnais bien dans ce genre d’athlète, les meilleurs dans leur couloir. Je veux faire pareil dans le rap. Alors, je ne serai pas le MC qui va ramener la dernière tendance. Mais je veux que tout le monde sache que Tedax, c’est chaud et que ça ne blague pas. Tu vois Carter, il dunkait sans problèmes sur des gars de deux mètres, avec moi ça va être pareil dans les studios.
P : Autre chose, j’ai vu que tu étais un peu dans la sappe de OG, tu en parles pas mal dans tes textes. Que ce soit des TN, ou des vêtements Karl Kani pour ne citer que ça. On t’a vu dans une vidéo pour la Nike BW de Lyon et aujourd’hui tu portes une Nike dunk low. La sappe aussi ça fait partie de la panoplie du OG ?
T : Comme tout le monde, on aime être frais c’est important. Mon péché à moi, c’est les paires. Dans ma zone, tout le monde connaît Tedax pour ça. Les baskets, laisse tomber, j’en achète pour rien ! Hier encore, j’ai traîné mes gars sous la pluie pour en chercher !
Aujourd’hui, avec l’âge, je suis plus sage aussi et je m’habille pour le confort. Je suis plutôt dans un flow décontracté et globalement j’ai l’impression qu’aujourd’hui, les gens sont de plus en plus dans ça. Les trucs amples et anciens reviennent. Et en tant que fan de l’esthétique New York, les cargos, les trucs militaires etc, je mets ça depuis très longtemps.
P : Justement tu parles de retour à la mode de truc un peu OG. Est-ce que tu n’as pas l’impression qu’il se passe la même chose dans le rap ?
T : Je crois que les modes tournent et que c’est un peu le tour du kickage parce qu’on est parti assez loin, même très loin de ça. A tel point qu’aujourd’hui, on entend souvent dire que rapper ne suffit plus, alors qu’on a grandi avec des albums rappés de A à Z. Et puis ce rap là, c’est un peu nouveau pour les jeunes générations qui ont grandi sans nos albums. Les petits qui sont nés dans les années 2000, ils apprennent. Ils n’arrivent pas dans le même circuit que nous. Ils découvrent cette école de la rime, du rap, à leur façon et ils connaissent aussi d’autres styles qu’il n’y avait pas à l’époque. Des trucs sur lesquels ils sont bien plus calés que moi !
Mais de toute façon, au final, le rap, ça restera toujours du rap. Les classiques resteront toujours des classiques. C’est comme une paire de Air Force 1. Ca reste une putain de paire de Air Force. Aujourd’hui, c’est sold out. La toute blanche, la OG, tu ne la trouves nulle part, parce que les gens kiffent, parce qu’elle est intemporelle : c’est un classique. De la même façon, un rappeur ça restera toujours un rappeur : tu lui dis “rappe”, il va rapper. Ca fera toujours la différence. Et cette nouvelle vague de kick, de mecs qui rap vraiment bien, ce n’est pas anodin. On arrive tous en même temps. Il y a un truc qui se passe et avec toute la qualité qu’on a ici, c’est à nous de défendre ce flambeau là du rap.
L’EP Forme Olympique : Final Season de Tedax Max est disponible sur toutes les plateformes de streaming.
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