Caché sous ses longs cheveux bouclés et emmitouflé dans sa doudoune bleue, le rappeur marseillais n’est pas du genre à se livrer. Mais pour la sortie de son tout premier album, “New Jack“, Le A a choisi de nous recevoir pour nous en dire un peu plus sur lui mais aussi sur sa musique.
Des racines à la percée
Comment ça va ?
Ça va bien écoute.
“Le A” c’est ton blaze. D’où ça vient ?
Le “A” ça correspond à la première lettre de mon prénom. Tout simplement.
T’as grandi à Aubagne. Elle représente quoi cette ville pour toi ?
J’ai grandi entre Aubagne et Marseille et j’y ai passé toute mon adolescence.
Pourtant, t’es pas originaire du sud puisque t’es né à Saint-Denis. C’est quoi ton rapport avec cette autre ville ?
Saint-Denis c’est le berceau. J’ai encore de la famille et des amis là-bas donc j’y suis toujours un peu attaché. Je fais souvent le lien entre le 13 et le 9-3.
T’as des activités en dehors du rap ?
Un peu de foot avec mes collègues. De la cuisine aussi (rires).
On t’a connu avec ton titre “Training Day” interprété en exclu sur Planet Rap. Il incarne quoi ce son pour toi ?
C’est le premier alors forcément c’est symbolique. C’est grâce à lui que j’ai eu la lumière sur ma musique. Et puis à propos du titre ça fait référence au film de Denzel. Son personnage m’a vraiment marqué. Il montre à quel point la manipulation peut être puissante et qu’il faut garder ses valeurs. Parce que si tu les abandonnes, tu peux te retrouver à faire des trucs de fou.
En 2019, tu sors Insomnie, ton premier projet. Quel regard tu portes sur ce dernier ?
J’en suis fier. C’est mon bébé. Y a des morceaux dessus qui me tiennent encore à cœur. Et je suis content d’avoir pu faire une réédition l’année d’après.
New Jack City
Ton nouveau projet vient de sortir et il s’appelle New Jack en référence au film New Jack City avec Wesley Snipes. C’est aussi un film qui t’as marqué ?
Ouais énormément. En fait c’est un film de rue mais très ancré dans le réel. C’est pas comme Scarface tu vois (rires). Il m’a bien parlé et Wesley il tue dedans ! Grosse attitude. Du coup ça m’a inspiré pour le projet : j’ai voulu faire un album très imagé et influencé par le cinéma. Et ça se ressent dans la cover.
Cette cover est très gang justement. Tu peux nous en parler ?
Les armes qu’on pointe sur moi sur la cover c’est un peu pour symboliser le fait que j’essaye de faire de la musique au milieu d’un bordel.
Qu’est-ce que t’as voulu prouver avec ce projet ?
J’avais pas vraiment quelque chose à me prouver à part arriver à faire plaisir à mon public. J’me suis absenté pas mal de temps parce que je voulais les mettre bien. J’ai voulu envoyer que de la foudre [de la qualité, ndlr]. J’espère que j’ai réussi.
C’est quoi ton son préféré de New Jack ?
Je dirais “GG” parce que c’est le dernier que j’ai écrit pour le projet. C’est sûrement parce que je suis encore dans le mood du son, avec une prod’ à la Drake un peu. Je le kiffe bien.
Il y a plusieurs feats sur le projet : Da Uzi, Sifax, Myra, Steki et TAZZ. Pourquoi c’était important pour voir de les avoir sur le projet ?
Ma collab avec Da Uzi c’est un trait d’union entre la ville d’où je viens et celle où j’ai grandi. Et puis j’aime son énergie, je trouve qu’il colle bien sur le morceau. Avec Sifax on se connaît bien on a fait deux sons ensemble et sur les deux il y en a un que j’ai préféré et que j’ai gardé pour le projet. Et puis TAZZ c’est mon frérot.
“La frappe”, “L’acier” et “La Foudre” ont tous une touche drill très ensoleillée alors que c’est à l’origine des prods assez glaciales. Tu penses que l’avenir de la drill se joue dans le sud ?
Pas forcément. L’important c’est juste de varier la recette et la faire à sa sauce. Moi j’adore la guitare alors je voulais voir ce que ça donnait si on combinait ça à la drill et ça rend plutôt bien je trouve ! Les mélodies sont originales.
Les inspis
C’est quoi tes principales inspirations musicales ? Aux States ? En France ?
Aux Etats-Unis, ceux qui me parlent le plus c’est Travis Scott et Lil Durk, ils sont trop forts. En France, j’écoute ce qui se fait même si ça va très vite aujourd’hui y a beaucoup de choses qui sortent.
Et tes parents ils écoutaient quoi ?
Beaucoup de musique française comme Charles Aznavour tout ça. Mon père écoutait beaucoup de raï. Du rock aussi. Par contre ma mère c’était plus du ABBA et du Barry White (rires).
En tant qu’aubagnais, t’as dû être bercé par le rap marseillais. Quel artiste t’a le plus influencé ?
Musicalement pour moi le king c’est Le Rat [Le Rat Luciano, ndlr]. C’est lui la légende de Marseille.
En parlant de Marseille, tu penses quoi du projet “Classico Organisé” et de cette unification du rap français instiguée par Jul ?
Je trouve ça bien. C’est important pour la santé du rap français. J’ai beaucoup aimé le premier. Un peu moins le second mais il y a mon frérot TAZZ alors je soutiens.
Qu’est-ce que t’écoutes le plus en ce moment ?
Ces derniers temps j’étais focus donc j’ai beaucoup écouté mon album je vais pas te mentir.
Tu mentionnes plusieurs véhicules dans ton projet : Audi Q7, T-Max (Yamaha),… Personnellement, toi en quoi t’aimerais rouler tous les jours ?
Dans un HSE Sport [Range Rover, ndlr]. Vraiment une grosse caisse ça, un bateau le truc (rires).
Niveau sappes, tu portes du Stone Island et tu en parles aussi dans tes sons. Pourquoi t’aimes autant cette marque ?
Ça fait longtemps que j’aime cette marque et que je voulais la porter. J’aime beaucoup la mode. Je pense que c’est parce qu’on galérait quand on était petits et qu’on pouvait pas se payer ce genre de marque. Aujourd’hui, on peut alors on n’hésite pas. Aujourd’hui ça fait partie de ma dégaine.
C’est quoi la suite pour toi ?
Pour le moment, je ne vise pas la Lune, j’attends juste de voir comment sera reçu le projet et ensuite on avisera. Une chose à la fois. Il faut prendre son temps.
New Jack de Le A est disponible sur toutes les plateformes de streaming.
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