Elle navigue entre l’apesanteur et la gravité. Le 18 novembre dernier, BabySolo33 s’est armée de son spleen millenial qui lui va si bien pour nous proposer son nouvel EP, SadBaby Confessions. Rêveuse et terre-à-terre, sensible et puissante : c’est sous un air de confessions nocturnes et de textes mélancoliques que la jeune artiste nous invite à la suivre dans son infini voyage cosmique.
BabySolo33, ange déchu
L’histoire commence sûrement dans la chambre, lieu des premiers songes et réflexions. Probablement l’endroit le plus approprié pour flotter en toute tranquillité et permettre à son âme de s’évader encore quelques instants. Ici, la frontière entre le réel et l’imagination est infime, tellement infime d’ailleurs qu’on ne sait parfois plus très bien où l’on se situe.
Toute seule dans ma chambre, t’sais, tout le temps, j’réfléchis.
Fuckmoney, BabySolo33
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BabySolo, on ne sait pas exactement où elle est. Perdue quelque part entre ses questionnements quotidiens et sa propre interprétation du monde, l’artiste bordelaise se libère tant bien que mal du poids de ses réflexions pour s’offrir quelques instants de plus à flotter dans l’immense espace, seule et loin du tumulte des pensées parasites.
Baby en apesanteur, baby, j’sens même plus mon cœur (…) et j’attends qu’ça décolle pour voyager sur la lune.
Fakeblood, BabySolo33
Mais l’apesanteur a ses effets secondaires, et à force de flotter, la jeune femme se perd dans la densité de l’univers.
J’sombre dans le large, comme un putain d’fantôme.
MiniSkirtJean, BabySolo33
Et quand elle subit de nouveau la gravitation, ce sont les mêmes pensées, parfois parasites, qui tournent en boucle dans son esprit.
Je me regarde dans le miroir, j’suis pas à l’aise avec moi-même (…) J’crois pas les gens quand ils me disent qu’ils m’aiment.
NellyKelly, BabySolo33
Avec SadBaby Confessions, c’est une artiste sensible qui se révèle aux auditeurs. La douceur de ses titres cachent en réalité une dualité émotionnelle qui l’empêche de s’épanouir pleinement. Mal à l’aise avec elle-même, donc forcément mal à l’aise avec les autres, la jeune artiste cherche sa place dans le monde réel. Comme un ange déchu et tiraillé par la perte du paradis de l’adolescence, on ne sait pas bien si elle déçue ou insatisfaite de son entrée dans la vie d’adulte. Comme si toute la magie de l’enfance devait nécessairement s’envoler.
Quelque part entre ciel et terre
Mais ses multiples voyages dans les airs lui auront au moins fait comprendre une chose : rien ne l’oblige à se séparer de la féérie de son enfance, bien au contraire, car c’est elle qui prodigue à BabySolo toutes les ressources dont elle a besoin pour supporter le monde d’aujourd’hui et se distinguer en tant qu’artiste incomparable et absolument captivante.
Et si tout est voué à changer avec le temps, il y a bien un repère qui ne bouge pas : ses copines. Présentes depuis le début, elle tire une force inexplicable de cet amour fraternel.
J’serai pas toute seule pour faire ma crise, y a toujours mes copines.
Bff <3, BabySolo33
Au fil du projet, on décèle toute la beauté de la sororité. “Présentes du berceau jusqu’au linceul” (Bff <3), pour reprendre les mots de la chanteuse, elles font elles aussi partie de ces souvenirs d’enfance qui l’ont forgée jusqu’ici.
J’oublie qu’t’es parti, j’ai que d’l’amour pour mes copines.
Bff <3, BabySolo33
À travers tout ce tumulte de l’entrée dans la vie terrestre, l’amitié est comme un point lumineux qui l’empêche de se perdre au milieu de cette tempête.
Baby Cosmique
Mais si BabySolo a grandi aux côtés de ses fidèles amies, elle s’est aussi découverte au rythme de la pop culture des années 90 et 2000. Elle lui a laissé une trace indélébile dans son esprit et c’est à travers de multiples références aux héroïnes de son enfance (Totally Spies, Destiny’s Child, Buffy contre les vampires…) qu’on apprend à découvrir le personnage et les ambitions de BabySolo.
J’pars en mission avec mon crew, j’veux qu’on brille comme les Destiny’s Child.
Tout Pour Le Woohp, BabySolo33
J’suis là comme une guerrière, j’me réveille le matin, j’ai qu’une chose dans la tête, tout pour le Woohp.
Tout Pour Le Woohp, BabySolo33
Derrière ces peines et ces désillusions, BabySolo se révèle plus ancrée dans la réalité qu’elle n’y paraît, comme ci elle parvenait progressivement à trouver un juste équilibre entre la terre et le ciel.
Premier label m’a pris pour une conne, mais j’en suis pas une, non.
Fakeblood, BabySolo33
L’arrivée dans l’industrie de la musique est forcément pleine de rebondissements et s’y créer une place confortable n’est pas toujours facile. C’est aussi ça, l’entrée dans la vie terrestre et la vie adulte. Solide et clairvoyante, BabySolo sait tirer tous les bénéfices de cette vie entre-deux.
J’ai plus peur d’être seule, plus peur d’être une fille (…) j’ai pas peur des coups, j’ai pas peur du malheur.
Tout Pour Le Woohp, BabySolo33
Les sonorités aériennes et électroniques qu’elle choisit pour accompagner sa plume représentent à merveille ses états d’esprits et invitent l’auditeur à s’envoler en même temps qu’elle. Du côté des producteurs, BabySolo s’est entourée d’artistes talentueux et prometteurs : Sūn Jùn, Herman Shank, Giu, Push K, Nody Guamshawty, Bricksy & 3G, Kurama, Lokias, Kamanugue et Iln, King Doudou et la collaboration de Floki et Le Chamal sur le titre 33Story.
Incomparable et absolument captivante, BabySolo a pondu un nouvel EP touchant et comblé de sens. C’est à travers cette esthétique des années 2000 qui se veut aussi nostalgique que chaleureuse, et ces story-telling à la fois fictifs et personnels, que la figure du Soundcloud français vient asseoir sa position d’artiste brillante.
SadBaby Confessions est disponible sur toutes les plateformes de streaming.