En décembre dernier, nous avons eu la chance de participer à un concours organisé par le très chaleureux studio d’enregistrement Yvelinois La Bulle. Après avoir écouté une quarantaine de morceaux enregistrés sur place, nous avions convenu que trois artistes en particulier sortaient du lot. Une fois ces trois candidats et leurs titres présentés au public via la page Instagram de La Bulle, c’est finalement le jeune et très prometteur Aidenn qui s’est distingué du lot avec son titre Odyssée.
Derrière ce flow nonchalant et cette légèreté à évoquer des lyrics parfois froides et acides, nous avons rencontré un artiste chaleureux, dont l’art semble être nourri par des pics d’énergie et des pauses introspectives. Réellement doué et singulier, son timbre de voix unique tend à le démarquer, au même titre que sa sensibilité et sa témérité remarquables. Venu tout droit des Yvelines (78), ce jeune rappeur encore en émergence déborde d’appétit et de créativité.
Un morceau doit avoir son propre univers et se suffire à lui-même.
Aidenn
La Pépite : Salut Aidenn et enchantée ! Pour commencer et pour mieux te connaître, peux-tu nous dire d’où vient ton blaze et ce qu’il représente pour toi ?
Aidenn : J’aime beaucoup les jeux vidéo. Il y a des personnages qui s’appellent Aiden dans plusieurs d’entre eux. Souvent, ils sont discrets… Il y en a un où c’est un fantôme, un autre où il est toujours masqué avec un côté furtif… Je suis plutôt discret, j’aime bien être dans mon coin donc c’est venu comme ça, assez spontanément !
LP : Tu joues à quoi comme jeux vidéo ?
A : The Last of Us, Red Dead Redemption, Rocket League… Je préfère les jeux avec de belles histoires, de beaux lieux et de belles cinématiques.
LP : J’imagine que ça correspond aussi à ta vision artistique et à ce que tu aimerais retransmettre de manière globale via ta musique.
A : C’est ça ! Tout à l’heure, tu disais que t’aimais bien écouter des sons qui te faisaient voyager. C’est exactement pareil pour moi et c’est ce que je veux retranscrire. Un morceau doit avoir son propre univers et se suffire à lui-même. Si tu fais de la musique juste pour en faire, il n’y a pas cette même âme derrière ni cette même spontanéité.
LP : Quand est-ce que tu as commencé à faire de la musique ?
A : J’ai commencé à 14 ans. Mon frère est revenu de Guadeloupe, il touchait à toutes sortes de trucs. Il faisait d’abord des prods, puis il a commencé à rapper. C’est là que j’ai vraiment eu envie d’en faire moi aussi ! J’étais déjà un très gros consommateur de musique mais mon frère a vraiment été l’élément déclencheur. J’ai commencé à rapper avec mes amis et à travailler avec une manageuse qui m’emmenait en studio. De fil en aiguille, je suis arrivé jusqu’ici.
LP : Hormis ton frère, quels sont les artistes qui t’ont influencé pour te lancer dans la musique ?
A : À l’époque, celui que j’écoutais le plus, c’était Sopico ! Ses textes, sa manière de poser… Il avait une vision assez particulière que je retrouvais pas chez les autres rappeurs. Népal m’a aussi beaucoup inspiré.
LP : Et quels sont ceux qu’on peut considérer comme étant émergents, qui t’inspirent aussi et te motivent à continuer la musique ?
A : S’il y en a bien un qui m’inspire beaucoup, c’est Green Montana. Il est trop fort ! Sa voix, sa manière de raconter et de poser… C’est différent de ce que d’autres proposent. C’est inspirant, il a un autre truc ! Il arrive sur la prod et c’est spontané, c’est ça qui me choque. Je pense aussi à Luther, Selug, Wallace Cleaver… Ils sont trop forts et je me retrouve un peu en eux car on a le même âge, on traverse les mêmes choses et je me dis que si eux l’ont fait, alors moi aussi je peux le faire !
LP : Où puises-tu ton inspiration de manière générale ?
A : Je dirais qu’elle vient de mes émotions. J’aimerais que les auditeurs puissent s’identifier à ce que je ressens et qu’ils se retrouvent en moi, qu’on arrive à se comprendre entre nous. Je vise des personnes qui vivent les mêmes choses que moi.
C’est ce qui me fait le plus réfléchir en ce moment. Il faut que je trouve un truc pour inverser la tendance.
Aidenn
LP : La musique étant encore « récente » pour toi, dans le sens où tu commences à sortir tes premiers morceaux, comment décrirais-tu le début de ton aventure dans ce milieu ?
A : Ah, c’est compliqué hein ! (Rires) Ça prend du temps, beaucoup de temps ! Parfois, j’ai des idées en tête, mais le temps passe et d’autres idées viennent, donc j’ai envie de passer à un autre projet… Il faut rester concentré. En tout cas, ça m’a appris à avoir plus confiance en moi, en mes décisions, à moins écouter les gens et davantage moi-même. Après, tout ce qui concerne les réseaux sociaux… Je suis pas le plus à l’aise avec ça ! (Rires) Mais j’ai envie de m’entraîner pour interagir avec les gens. Mis à part ça, je pense aussi à la « concurrence », dans le sens où c’est essentiel de se démarquer. C’est ce qui me fait le plus réfléchir en ce moment. Il faut que je trouve un truc pour inverser la tendance et que les gens se disent : « Ok, ça, c’est un vrai truc ! ».
LP : Il faut continuer de s’accrocher, surtout quand on est encore en émergence et qu’on a pas encore tout le matériel et le monde nécessaire autour de nous pour nous guider !
A : Quand on a vraiment commencé à sortir 2/3 sons, on travaillait avec un réalisateur. Les prix qu’il proposait nous permettaient de réaliser un clip, mais clairement pas plus… C’est compliqué de se faire un réseau. Il faut que tu trouves un studio, un beatmaker, un réalisateur, et j’en passe, qui sont fiables, qui font la même chose que toi et avec qui tu as un bon terrain d’entente.
Il faut s’entourer de gens qui veulent te soutenir et pas juste se faire des sous sur ton dos. On doit trouver des personnes avec qui on va réussir à bien travailler et qui sont tout autant passionnés que nous. Le réal qui m’accompagne en ce moment, il le fait aussi parce qu’il kiffe ma musique et que c’est un gros passionné de base. C’est pareil avec le studio ! Soloko (un des fondateurs et ingénieurs du studio La Bulle), il est impliqué de fou et il commence à me connaître moi et mes goûts. Il respecte ce que je fais !
LP : C’est intéressant aussi quand tu évolues dans ta musique en même temps que les personnes qui t’accompagnent, comme les clippers, beatmakers, photographes, etc.
A : Exactement !
LP : Ça t’arrive d’avoir des coups de mou ?
A : J’en ai eu beaucoup, mais en ce moment, non.
LP : Qu’est-ce qui t’aide à garder la motivation dans ces moments-là ?
A : J’me dis : « putain, ce titre il peut être vraiment lourd au studio ! ». Je m’accroche réellement qu’à mes sons. C’est la seule chose que je sais vraiment faire. Quand je suis au studio, que j’entends le son et que ça rend super bien, que je fais écouter à des gens, qu’ils kiffent et qu’ils font tourner autour d’eux, je me dis que ça pourrait le faire ! Donc on continue comme ça.
LP : Tu portes aussi un œil attentif à ton image et ta D.A de manière générale.
A : Oui, j’aime bien être impliqué dans tous les aspects. Le clip qu’on a sorti sur YouTube, c’est pas le plus qualitatif, mais ça m’a fait plaisir de le sortir parce que j’étais derrière avec le réalisateur, on travaillait ensemble, même sur les trucs les plus chiants ! J’aimerais pouvoir apporter mon œil et mes idées un peu partout.
LP : Comment décrirais-tu ta musique en seulement trois adjectifs ?
A : Je dirais sincère, spontanée et polyvalente.
LP : Pour toi, c’est quoi une pépite ?
A : Un type qui sort de nulle part, t’écoutes un son et tu te dis : « dinguerie, faut que j’aille écouter les autres ! » (Rires).
LP : Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?
A : La réussite pour tout le monde ! Et pour tous ceux qui m’entourent.
Odyssée d’Aidenn est disponible sur toutes les plateformes de streaming :
Pour réserver une séance chez La Bulle Studio, que nous avons recommandons très chaleureusement, cliquez sur le lien suivant : https://www.labullestudio.com/
Retrouvez notre dernier article à l’occasion du premier anniversaire d’Errr de La Fève.